« Il est temps de bouger, de se réinventer et je suis prêt à tracer de nouvelles perspectives pour notre système de soins et son organisation souffrante », a lancé Bruno Le Maire (Les Républicains) venu à son tour – comme Alain Juppé ou François Fillon – arpenter le grand salon hospitalier, Porte de Versailles à Paris, à l'occasion de la Paris Healthcare Week.
Le candidat à la primaire à droite pour 2017 promet de mettre la santé au cœur de son projet présidentiel. Revendiquant plus de 370 déplacements, il a découvert des médecins libéraux « découragés, écrasés par la bureaucratie », et il entend y remédier. « Leur métier est dévalorisé, on ne reconnaît pas leurs tâches, c'est un problème de fond auquel je veux me consacrer » poursuit-il.
Contrat entre la nation et les soignants
Fort de son diagnostic, il souhaite redonner aux jeunes médecins le « goût d'entreprendre » et « toute sa valeur à l'exercice libéral », dans le cadre d'un nouveau contrat entre la nation et la profession. Principal objectif : consolider une vraie « première ligne de médecine de ville », au cœur de la chaîne des soins.
Dans les territoires fragiles, il envisage même de confier aux généralistes volontaires de nouvelles responsabilités de prise en charge pleine et entière (prévention, coordination, suivi des patients chroniques et âgés...) dans le cadre d'un « mandat de santé » avec des moyens financiers.
Hostile à la contrainte pour répartir les médecins, comme Nicolas Sarkozy, il défend clairement les incitations à l'installation. Tout juste demande-t-il aux jeunes de rester trois ans dans la région où ils ont été formés et ont réalisé leurs stages.
Au chapitre de l'accès aux soins toujours, il mise sur la télémédecine « aujourd’hui freinée dans son développement par l’absence de modèle économique », et entend gagner la bataille du numérique dans les territoires ruraux avec la généralisation du haut débit.
Les études médicales ? « L'idée d'un tirage au sort me scandalise. Au-delà des performances scientifiques, j'estime que le sens du contact (...) doit devenir un critère pour poursuivre cette formation » précise Bruno Le Maire qui voudrait davantage de profils littéraires parmi les carabins.
Côté organisation, il promet de faire tomber les murs entre l'activité libérale, salariée et hospitalière. « Ces choix ne peuvent pas être définitifs ou "enfermant" », insiste-t-il.
Rémunération revisitée
C'est dans les modes de rémunérations que Bruno Le Maire se veut innovant, avec du sur-mesure. « Une consultation postopératoire après un pontage coronarien et la rédaction d'un certificat médical ne peuvent pas rester au même tarif » soutient le candidat. Il milite pour une refonte globale du système de rémunération « pour ne pas contraindre les médecins à pratiquer des dépassements d'honoraires qui les stigmatisent ».
Le député LR de l’Eure, ancien ministre de l’Agriculture, n'oublie pas les établissements, dont le financement serait également à repenser. « Le budget global est dépassé mais nous sommes aussi au bout de la logique de la tarification à l'activité », juge Bruno Le Maire. « Je pense à un nouveau système de tarification basé sur la qualité, articulé autour des parcours de soins ».
D'une manière plus générale, il juge l’hôpital « bloqué, par des statuts et des autorités de tutelle qui freinent la capacité d’initiatives et découragent les personnels ».
Pas de grande loi
Au passage, il propose de supprimer des postes « dans les ARS où les frais de gestion explosent ». Un traitement qu'il promet aussi de réserver au personnel du ministère de la Santé...
Pour l'heure Bruno Le Maire veut en finir avec les promesses de grandes lois santé qui promettent de tout changer. « Je fais le pari de la confiance au terrain, de la proximité, de la capacité des acteurs à inventer les prises en charges dont les Français ont besoin ». De bonnes intentions qui s'accompagnent aussi de la promesse de supprimer l'aide médicale d'État (AME) « pour créer une aide d'urgence mieux ciblée ».
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