Sa vidéo postée sur Facebook le 11 janvier a été vue 11 millions de fois. Un record. L’interne Sabrina Ali Benali y interpelle la ministre de la Santé : « Bonsoir Madame Touraine. Juste une petite question, c’est quoi cette grosse blague, lance-t-elle en brandissant une manchette de journal sur l’état d’urgence dû à la grippe. « C’est tous les jours l’état d’urgence à l’hôpital, Mme Touraine », s’indigne-t-elle. À la clé, elle évoque le cas de cette patiente de 75 ans, insuffisante cardiaque, pour laquelle elle a dû contacter 11 hôpitaux avant de lui trouver un lit en cardiologie.
Mise en ligne ce jeudi après-midi sur Facebook, une deuxième vidéo (ci-dessous) a déjà été visionnée un demi-million de fois. Entretemps en effet, son auteure a été invitée sur i-Télé, Canal +, TMC et France Inter. Et le directeur général de l’AP-HP lui-même est monté au créneau. Martin Hirsch réfute les mises en cause de l’interne au motif qu’elle n’est pas en stage dans un de ses établissements. Depuis le 1er novembre 2016, précise-t-il, elle intervient dans un hôpital parisien privé à but non lucratif, les Diaconesses-Croix Saint Simon. Un établissement privé hors AP. L’AP-HP ne saurait donc être mise en cause.
#TelSonne Martin Hirsch "l'interne Sabrina Ali Benali n'est pas en ce moment interne dans un hôpital de l'AP-HP"
— AP-HP (@APHP) 18 janvier 2017
Dans la foulée, un tweet d’un conseiller de la ministre de la Santé a dénoncé une « manipulation politicienne » de la part d’une interne qui agit, sans le dire, en tant que responsable de la commission santé au Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon.
« Le vent se lève et on dérange apparemment », réplique l’interne qui persiste et signe. Jointe par « le Quotidien » au service des urgences de l’hôpital Croix Saint Simon, à Paris 12e, elle explique que « cet établissement privé figure sur le livret interne des établissements de l’AP-HP, aux termes d’une convention qui prévoit que la paie des internes est assurée par l’AP. La semaine dernière, j’ai bien passé onze appels dont quatre à destination d’établissements de l’AP pour trouver un lit de cardiologie. J’ai lancé un pavé dans la mare et je remercie tous les confrères qui m’apportent par milliers leur soutien. Ici, dans les boxes, ce sont les patients qui me remercient d’avoir lancé cette alerte, alors que plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui en attente depuis huit heures ».
« On est tous Sabrina Aurora »
Sur Facebook, ce sont maintenant des messages « On est tous Sabrina Aurora » (son pseudo sur le réseau social) qui affluent.
Quant au soupçon de manipulation politique, l’interne, entend le dissiper : « Je n’ai jamais caché que je suis responsable de la commission santé du Parti de Gauche, je suis aussi adhérente au Syndicat national des jeunes médecins généralistes, mais l’interpellation que j’adresse à la ministre concerne des faits précis, tels que je les vis au quotidien, et qui n’ont rien à voir avec un quelconque prosélytisme politique ou syndical. »
Sabrina Ali Benali est également candidate du Parti de Gauche aux législatives comme suppléante dans la 18e circonscription de Paris. « Mais j’aime mon métier, c’est la médecine et je n’ai aucune intention de l’abandonner pour me consacrer à la vie politique, assure-t-elle. L’énorme retentissement de mes vidéos sur les réseaux sociaux n’est pas de nature à me faire changer de vocation. C’est éprouvant nerveusement d’être calomniée comme je viens de l’être, j’en ai pleuré ce matin, confie cette interne qui est aussi mère d’un tout jeune enfant. Des médias n’ont pas été honnêtes avec moi. Heureusement les soutiens des confrères arrivent par milliers. C’est extraordinaire. »
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