LE QUOTIDIEN – Le centre hospitalier intercommunal de Poissy-Saint-Germain (CHIPS), déficitaire, endetté, traverse une période difficile (« le Quotidien »du 7 février). Vous avez visité l’établissement mardi. Quel message avez-vous délivré aux professionnels de santé ?
CLAUDE ÉVIN – J’ai fait une assemblée générale du personnel de l’établissement, une première depuis ma prise de fonction. J’ai voulu expliquer ce qui m’a conduit à ne pas donner suite au projet actuel de construction d’un nouvel établissement à Chambourcy. Le personnel est déçu, et je le comprends tout à fait. C’était un projet cher, de 402 millions d’euros, alors que l’établissement a un fort taux d’endettement et un déficit cumulé élevé. L’établissement a énormément redressé sa situation financière depuis trois ans. Pour autant, la situation reste très fragile. Avant d’envisager une construction de ce type, il faut que l’établissement ait la capacité d’emprunter et de faire face à sa dette. J’ai dit à l’établissement que nous allions l’aider à retravailler son projet médical. J’ai affirmé que Poissy-Saint-Germain a un avenir, mais qu’il fallait que cet avenir soit un avenir raisonné.
Faut-il maintenir les deux sites actuels ? « Défusionner » le CHIPS ?
La question de la « défusion » ne s’est pas posée dans nos échanges. J’ai laissé ouvertes toutes les hypothèses. Je ne veux pas en quinze jours définir un projet qui mérite d’être travaillé par l’ensemble de la communauté. Il faut consolider l’offre de soins et la gouvernance de cet établissement. À ce sujet, j’ai indiqué au personnel que le directeur [Gilbert Chodorge, NDLR] allait quitter l’établissement. Il y aura une direction par intérim puis le recrutement d’un nouveau directeur. Il est également nécessaire de bâtir un projet médical avant d’envisager un établissement médical nouveau. La communauté doit se rassembler autour de ce nouveau projet.
L’IGAS a pointé de fortes divisions entre les médecins des deux sites.
C’est une des fragilités de l’établissement, les médecins doivent y travailler. Considérer, quand il existe une dualité très forte, que tous les problèmes seront réglés parce qu’on se retrouvera un jour sur le même site, c’est insuffisant. J’en ai parlé avec la communauté médicale. Lorsque j’avais rencontré les chefs de pôle et les organisations syndicales le 28 janvier, je leur avais déjà dit tout cela.
L’IGAS recommande la mise sous administration provisoire du CHIPS. Pourquoi ne pas avoir suivi ce conseil ?
Cela ne me semble pas opportun au regard de la situation de l’établissement.
La façon dont l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH) a géré ce dossier avant vous est-elle à vos yeux satisfaisante ?
Je ne souhaite pas faire de commentaire.
Venons-en à l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). La chirurgie cardiaque de l’hôpital Henri-Mondor est dans le viseur de l’ARS. Pourquoi ?
Je souhaite rappeler le contexte. Le SROS [Schéma régional de l’organisation sanitaire, NDLR] de cardiologie a été discuté pendant deux ans avant mon arrivée à l’ARS. Je l’ai signé le 27 juin 2010. La communauté scientifique de cardiologie a considéré qu’il fallait passer de 14 à 10 sites de chirurgie cardiaque en Ile-de-France, pour deux raisons : la baisse des recours à la chirurgie cardiaque, et la difficulté à recruter des spécialistes. Les quatre sites faisant le moins d’activité ont été identifiés. À la clinique de la Roseraie et à l’hôpital Foch, l’activité de chirurgie cardiaque est aujourd’hui fermée. À l’hôpital Saint-Joseph, cette activité est en voie de fermeture. Henri-Mondor est le quatrième de ces sites. J’ai dit à l’AP-HP dès le mois de juin 2010 qu’il faudrait qu’elle n’ait plus quatre, mais trois autorisations de chirurgie cardiaque. Il appartenait à l’AP-HP d’y travailler. Or en janvier 2011, l’AP-HP n’a fait aucune proposition en ce sens. J’ai donc dit à l’AP-HP qu’elle devait traiter le sujet avant le mois de juin 2011. J’estime qu’il n’y a aucune raison que l’AP-HP soit exemptée d’une démarche qui a été élaborée par les médecins concernés, puis concertée, et publiée il y a presque huit mois. La chirurgie cardiaque n’est pas une activité de proximité, mais une activité de pointe. La cardiologie interventionnelle n’est pas remise en cause à Henri-Mondor, seule la chirurgie lourde est concernée. Les gens d’Henri-Mondor sont en train de réfléchir pour voir avec quel site travailler parmi la Pitié, l’HEGP et Bichat. Je laisse ouverte la réflexion. Aujourd’hui, on me dit qu’ils préféreraient travailler avec l’HEGP : je n’y vois pas d’inconvénient. En demandant ces partenariats, j’estime que je réponds à un objectif de qualité de l’offre. La Pitié-Salpêtrière, premier centre de chirurgie cardiaque à Paris, est en onzième position sur le plan européen. Quand on veut être le premier hôpital européen, il faut regarder comment on fonctionne au-delà de nos frontières. Les Anglais et les Allemands ont regroupé leurs équipes.
Les médecins d’Henri-Mondor protestent. Leur reprochez-vous d’avoir une logique de site ?
Je ne reproche rien, je dis là où il me semble nécessaire d’aller, sur la base du travail qui a eu lieu en amont, et sur lequel la communauté médicale s’est prononcée.
Quelle est la position de l’ARS sur le dossier Trousseau ?
La directrice générale de l’AP-HP a souhaité reprendre le dossier, ça ne me pose pas de problème. Faut-il que la pédiatrie spécialisée soit organisée sur deux sites, ou trois sites : c’est à l’AP elle-même de travailler sur ce sujet. Tant que la qualité du service n’est pas en cause, il n’y a pas de raison que j’intervienne. La problématique n’est pas la même que pour la chirurgie cardiaque : ici, il n’y a pas d’autorisation en jeu.
L’ARS semble peser davantage sur la vie de l’AP-HP que ne le faisait l’ARH. Partagez-vous ce point de vue ?
Le législateur m’a donné des responsabilités qui n’étaient pas celles de l’ARH auparavant. Et dans une très bonne harmonisation avec le ministère, nous avons convenu que c’est l’agence régionale qui est en première ligne dans les discussions avec l’AP-HP.
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