Déserts médicaux

Comment la Corrèze soigne ses généralistes

Par
Publié le 14/01/2022
Article réservé aux abonnés
Le département rural lance la deuxième phase de son plan pluridisciplinaire contre la désertification médicale. Généralistes salariés à 6 000 euros, IPA, télémédecine, bourses : tous les leviers sont mobilisés.

« Nous avons budgété un million d'euros par an durant six ans, qui s’ajoutent aux dépenses déjà engagées. Notre objectif est simple : garantir l’accès aux soins à tous nos concitoyens » : Pascal Coste, président LR du conseil départemental de la Corrèze, a affiché son volontarisme en présentant le deuxième étage de son plan d'envergure « Ambition Santé ».

Au menu : renforcement du centre départemental de santé – ouvert en 2019 à Égletons – avec la création de plusieurs antennes territoriales, soutien à la télémédecine, recours aux infirmières en pratique avancée (IPA) ou même usage de fauteuils dentaires itinérants. Quatre généralistes salariés à 6 000 euros par mois ont été recrutés pour renforcer l’équipe (soit 14 médecins). D’autres embauches sont prévues en personnel administratif ou médical, tandis que des bornes et cabines numériques seront implantées. « Nous apportons des moyens supplémentaires, techniques et humains, afin de faire face aux défis d’un futur proche, avec les départs en retraite de nombreux praticiens », assume l’élu corrézien.

Mallettes connectées

Des antennes du centre départemental de santé (CDS) ouvriront ainsi à Treignac, Bort et Chamberet, après celles déjà opérationnelles depuis deux ans sur cinq autres sites. « Notre plan explore toutes les possibilités permettant de redonner du temps médical », explique le Dr Alain Acker, responsable du CDS. La formation sera prioritaire, notamment pour les futurs infirmiers en pratique avancée. Des mallettes connectées compléteront l'arsenal. « Nous allégerons ainsi la charge des visites à domicile, en milieu rural, et formerons également des assistants médicaux pour aider les praticiens dans leurs tâches, notamment administratives », plaide le responsable du CDS.

Sur le terrain, les premiers effets sont prometteurs. « J'habite à 25 km d’Égletons, confie Béatrice, une patiente. Avant la création du centre de santé, je devais me rendre à Brive ou à Tulle pour consulter, à une heure de route ! Ici, la prise de rendez-vous est rapide, les généralistes, compétents et dévoués, travaillant à l’ancienne, comme des médecins de famille. La désertification médicale qui était une menace latente paraît s’éloigner. »

La Corrèze défend son modèle offensif, en s’appuyant sur des outils connectés et en gérant au mieux ses ressources médicales limitées. Reste à fidéliser les perles rares… C'est pourquoi la ville de Brive propose désormais des bourses aux étudiants en médecine dès la 5e année, s’ils s’engagent à s’installer au pays. Car si la cité gaillarde n’est pas (encore) en pénurie de généralistes, près de la moitié d’entre eux approchent de la retraite… En prime, la ville ajoute un prêt à taux zéro de 50 000 € à chaque jeune médecin ouvrant son cabinet. Elle annonce la création d’une « pépinière » pour généralistes, facilitant l'accès à des locaux, à du matériel ou à des allégement de charges. Une autre façon d'être aux petits soins des médecins. 

De notre correspondant Jean-Pierre Gourvest

Source : Le Quotidien du médecin