Le blues après la mobilisation ? Au sortir de la crise du Covid, c’est un sentiment d’insatisfaction qui domine, semble-t-il, au sein du corps médical. Si l’on se réfère aux premiers résultats de l’enquête de Res publica sur les médecins et le Covid, plus de la moitié (55 %) jugent que la France était peu préparée à cette crise et s’est adaptée difficilement. Et près du tiers (31 %) estiment leurs conditions de travail « pas du tout satisfaisantes » pendant la période.
Manque de matériel et de traitement
Parmi ces premiers répondants, tous n’ont pas été confrontés directement à un malade atteint par le SARS-CoV-2. Mais tout de même, 67 % ont effectivement pris en charge personnellement des patients Covid +. Et déjà, certains soucis émergent. De quoi ont le plus souffert les médecins pendant l’épidémie ? Avant tout du manque de traitement et de matériel pendant la crise, mis en avant par près d’un praticien sur cinq. Qu’est-ce qui a été le plus gratifiant pour eux ? La confraternité au sein de la profession, placée en tête par 23 % des sondés, juste devant la reconnaissance des patients (22 %).
Ce sont encore des résultats partiels, l’enquête visant à éclairer, le vécu, mais aussi les enseignements tirés de cette crise par les médecins. À ce stade, près de 900 participants sont enregistrés, mais ce premier échantillon s’avère déjà en concordance avec la composition du corps médical dans son ensemble : autant de femmes que d’hommes ont répondu depuis la mi-mai, 48 % étant libéraux pour 38 % de salariés, 8 % en statut mixtes, 4 % de retraités et 2 % d’étudiants en médecine.
Ce que propose la profession
Pour enrichir le débat, les médecins qui n’ont pas encore répondu peuvent encore intervenir sur medecins-covid.jenparle.net. Objectifs : apporter son témoignage, donner son point de vue, mais aussi y aller de sa (ses) proposition(s) pour faire évoluer le système de santé dans l’après-crise, toute une section du site étant en effet réservée aux suggestions des participants.
« Au vu des résultats de cette enquête, nous voudrions restituer le ressenti des médecins, mais aussi la façon dont ils voient évoluer le système de santé et leur métier demain, pour en faire état auprès des pouvoirs publics », souligne Jean Paillard, directeur de la rédaction du « Quotidien du Médecin », qui est partenaire de l’opération avec le magazine hospitalier « Décision Santé ».
Démocratie directe
Res publica attend aussi beaucoup de cet exercice de démocratie directe. « Mon métier consiste à mettre les gens en dialogue pour progresser sur des questions complexes. Et dans ce cadre, nous sommes de plus en plus sollicités sur les questions liées à la santé : un domaine d’activité dans lequel les pratiques de dialogue sont sans doute plus difficiles qu’ailleurs, du fait d’un cloisonnement encore étanche entre acteurs, » observe Gilles-Laurent Rayssac, président de Res publica. Pour ce spécialiste de la concertation, « la crise a bouleversé la donne. Et remontent des acteurs de santé des témoignages intéressants disant qu’il n’y a jamais eu autant de coopérations et que les hôpitaux ont fonctionné différemment. Avec ce questionnaire, on voudrait savoir et comprendre ce qui se passe. Cette enquête devrait permettre de mieux saisir comment le système de santé s’est adapté. »
Plus la participation sera large et plus les résultats auront du poids. Les médecins, quels que soient leur âge, leur statut ou leur spécialité ont encore la possibilité de répondre sur le site qui leur est dédié. À tout de suite sur medecins-covid.jenparle.net
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