Les usagers des gares souterraines de métro et de RER sont massivement exposés à la pollution aux microparticules, rapporte l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) dans une nouvelle expertise. Selon les mesures réalisées depuis le début des années 2000, il y aurait trois fois plus de particules PM10 et PM2,5 au sein de ces lieux qu'à l'air libre à proximité du trafic routier.
Les polluants sont différents de ceux retrouvés à l'air extérieur, avec une teneur élevée en éléments métalliques, dont le fer qui en est un constituant majeur, et en carbone élémentaire et organique. Ces aérosols sont par ailleurs composés de particules plus grosses, plus denses et de formes plus variables. On retrouve aussi des hydrocarbures aromatiques, et plus rarement du benzène, du dioxyde d’azote et du benzo(a)pyrène. De même, l’air des enceintes ferroviaires souterraines comporte des bioaérosols comprenant des champignons, des virus et des bactéries, mais qui n’ont pas fait l’objet d’une évaluation approfondie par l’agence.
Un effet sur la santé mal évalué
Quels en sont les effets sur la santé ? L'Anses ne se prononce pas formellement par manque de données mais avance « la possibilité que cette exposition conduise à des effets sur la fonction cardiaque autonome, de l'inflammation et du stress oxydant systémiques ainsi qu'à l'inflammation des voies respiratoires, en particulier pour les populations les plus sensibles telles que les personnes asthmatiques ».
Les principales inconnues concernent l'impact des substances spécifiques à ce type d’enceintes : carbone élémentaire, carbone organique, strontium, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), fibres (amiante, minérales artificielles) et silice cristalline.
Dans le cadre du plan d’actions pour l’amélioration de la qualité de l’air intérieur, l’Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) a produit un guide fournissant des recommandations pour la réalisation de mesures harmonisées de la qualité de l’air dans les enceintes ferroviaires souterraines. Mais il a fallu attendre 2019 pour voir une première expérimentation du protocole de mesure.
5 millions de voyageurs par jour
En France, les principales gares souterraines sont situées dans six agglomérations urbaines : Paris et sa banlieue (624 stations et 331 km de voies ferrées enterrées), Marseille, Lyon, Lille, Toulouse et Rennes. Environ 5 millions de voyageurs par jour empruntent le réseau francilien, ce qui en fait l'un des réseaux les plus fréquentés au monde, avec une constante augmentation (+36 % de voyageurs-kilomètres entre 2000 et 2019 pour les métros en Île-de-France). Avant la pandémie, un usager de ces réseaux passe en moyenne 36 minutes par jour dans ce genre d'environnement, une durée qui peut atteindre 1 h 40.
Le niveau d'exposition ne dépend pas que de la durée, mais aussi du matériel roulant, de la qualité de l'aération, de la profondeur de la station et de l'organisation générale de la station. Ainsi, des études ont montré que les usagers des métros européens sont plus exposés que leurs homologues asiatiques, ces derniers bénéficiant de stations et de rames plus récentes. Les taux de PM10 sont plus élevés sur le quai que dans le reste de la station. Les mesures faites dans trois stations du métro parisien dans le cadre du réseau permanent francilien Squales montrent une augmentation des niveaux d'exposition au cours de la période 2016-2019, comparé la période 2013-2015, avec une forte variation dans les concentrations horaires de particules.
Des valeurs guides difficiles à mettre en place
Si l'Anses explique la non-faisabilité, en l'état actuel, d'établir des valeurs guides de qualité de l’air intérieur (VGAI) spécifique(s) à l’exposition des usagers dans les établissements ferroviaires, elle recommande a minima de ne pas dépasser les valeurs guides de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de la qualité de l’air ambiant. C'est-à-dire des concentrations en PM10 dans l’air correspondant à 940 μg/m3 pour une durée quotidienne de séjour de 30 minutes, 480 pour une heure, 330 pour 1 h 30 et 260 pour 2 heures.
L'agence appelle à « poursuivre les efforts de réduction des concentrations de particules en suspension dans l’air émis au sein des EFS, en visant des niveaux les plus bas possible ». Les moyens suggérés sont le renouvellement des matériels roulants, l’utilisation de systèmes de freinage moins émissifs et l’amélioration de la ventilation.
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