Docteur, j’ai des hémorroïdes… « Ne pas se contenter de cette explication ! Ne rien prescrire sans examiner l’anus du patient ! On évitera ainsi de traiter le cancer par suppositoires, pommades ou veinotoniques et bien des retards diagnostiques… », rappelle en préambule le Dr Laurent Abramowitz, hôpital Bichat, Paris.
Inspection de l’anus, toucher rectal
Tout symptôme anal (douleur, saignement, boule, prurit) impose un examen proctologique, même succin. « Avant d’incriminer l’hémorroïde, il faut vérifier par une inspection de l’anus et un toucher rectal qu’il n’y a ni condylome, ni cancer. L’anus est bien visible en mettant le patient à 4 pattes sur la table d’examen, en appui sur les avant-bras (à défaut, en décubitus latéral). Au toucher rectal, les hémorroïdes internes ne sont pas palpables. Inspection et toucher rectal éliminent dans 98 % des cas un cancer. Si l’examen gêne le patient, ou en cas de doute, l’adresser au spécialiste », recommande le Dr Hélène Pillan-Le Moult, gastro-entérologue à l’hôpital Saint Joseph, Paris.
HPV et populations à risque
HPV est extrêmement répandu. Rappelons que presque tous les adultes sont infectés et éliminent ensuite (ou non) le virus HPV entraîne des dysplasies parfois visibles à l’œil nu (condylome) parfois invisibles. « On peut être infecté par HPV sans avoir de condylome, mais pas l’inverse », précise le Dr Abramowitz. Parmi les 150 à 200 types d’HPV connus, certains sont oncogènes (notamment HPV-16 et -18) et donnent des cancers du col utérin, de l’anus, de l’oropharynx. 75 % des cancers anaux sont liés à HPV-16. Les HPV-6 et -11 sont impliqués dans la plupart des condylomes anaux et génitaux, mais ne sont pas oncogènes.
Parmi les populations à risque :
- Les femmes : « Toute femme dépistée HPV au col de l’utérus doit être adressée en proctologie. Réciproquement, toute femme dépistée HPV à l’anus doit être adressée en gynécologie ! » insiste le Dr Pillant-Le Moult.
- Les patients transplantés et les VIH+ : ils ont souvent des condylomes. L’immunodépression réactive les HPV des couches profondes de l’épiderme. « Une consultation proctologique est recommandée (rapport MORLAT 2017) pour dépister les lésions précancéreuses de l’anus dans la population à très haut risque des homosexuels hommes et VIH hommes et femmes avec antécédent de lésion HPV ano-génitale » note le Dr Abramowitz.
Mieux vaut vacciner que d’avoir à traiter…
« On guérit du cancer de l’anus au prix de souffrances et séquelles (dermite radique, incontinence anale, stomie…). Et le traitement des condylomes, n’est pas une sinécure. Les milliers de nouveaux patients/an chez lesquels on dépiste des condylomes HPV du canal et de la marge anale doivent se les faire brûler tous les 2 mois pendant 1 à 2 ans. Tous préfèreraient avoir eu un vaccin à l’adolescence », souligne le Dr Abramowitz.
Pour régler le problème des cancers liés à HPV, il suffirait de vacciner pour éradiquer en amont les sérotypes HPV responsables de cancers et condylomes : « Tandis qu'en Angleterre et en Australie, où la couverture vaccinale approche les 90 %, les études montrent à 10 ans de recul que lésions précancéreuses du col utérin disparaissent ; En France, les jeunes hommes HSH sont éligibles jusqu’à 26 ans à des vaccinations gratuites en centre CEGGID (mais faute de subvention… aucun CEGGID n’a eu de vaccin en 2017), et la couverture de vaccination des filles a chuté à 14 % . Le vaccin a pourtant fait la preuve de son innocuité (pharmacovigilance sur 240 millions de doses vendues dans le monde). Il va prochainement gagner en efficacité avec de nouvelles valences. Tous les adolescents, filles et garçons sont concernés et/ou vecteurs de transmission. Tous devraient être vaccinés », concluent les Dr Abramowitz et Pillan-Le Moult.
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