Recruter 50 000 infirmiers pour faire face au manque de personnel, telle était l’une des promesses de Boris Johnson avant son élection de 2019. Cet objectif devait s’accomplir par le biais du recrutement international, et a donné naissance à des initiatives originales.
« Nous avons utilisé une partie du financement disponible, soit entre 3 000 et 10 000 livres par embauche pour recruter des infirmiers entrés au Royaume-Uni par le biais d’une voix humanitaire et qui ont obtenu le statut de réfugiés », explique Kim Doherty, directrice associée pour les ressources humaines. Elle est la responsable du soutien aux réfugiés du NHS pour la région du Nord-Ouest de l’Angleterre.
Le programme a été lancé grâce à l’action de l’organisme caritatif RefuAid qui a approché le NHS. « Ils se spécialisent dans le fait de trouver, de façon individuelle, un travail adapté pour les réfugiés, précise Kim Doherty. Par ce programme, ils ont voulu passer une échelle supérieure. »
Maîtrise de l’anglais
Les candidats sont recrutés par des campagnes sur les réseaux sociaux et par le bouche à oreille. « Pour participer, le premier critère, ce sont les qualifications dans le pays d’origine, poursuit Kim Doherty. Les personnes doivent prouver qu’elles étaient enregistrées auprès du régulateur de leur pays d’origine. » Il faut aussi prouver qu’il n’y a jamais eu de négligence ni de passé criminel. Enfin, un minimum de maîtrise de l’anglais est nécessaire.
Le programme comprenait à l’origine quatre semaines de formation à l’Université de Liverpool John Moores, ce qui incluait le logement et même un service de crèche. « Certaines personnes n’avaient pas travaillé de façon clinique depuis cinq ans, explique Kim Doherty. Il fallait leur redonner l’occasion de pratiquer, mais aussi d’apprendre les protocoles, la culture du NHS et aussi de comprendre la responsabilité propre aux infirmiers dans ce pays. » Les participants doivent faire des présentations et rendre des écrits. Ils sont enfin formés pour passer des entretiens et rédiger un CV.
Une semaine de cours d’anglais est aussi prévue pour atteindre les différents examens linguistiques requis pour exercer comme infirmier (IELTS et OET).
Aide-soignant
L’avantage pour le NHS, c’est qu’en six à douze semaines, les participants sont prêts à travailler d’abord comme aide-soignant. « Ils peuvent ensuite évoluer pour obtenir le statut d’infirmier après avoir passé les examens d’anglais et dès qu’ils remplissent tous les critères exigés par le NMC (le Conseil des infirmiers et sage-femmes). Sur 55 personnes formées, 40 travaillent toujours pour le NHS. »
Le programme a dû aussi s’adapter à la réalité des participants. « Pour les hommes célibataires, il était facile de prendre un train depuis Londres pour venir travailler à Liverpool. Mais la plupart était des femmes, souvent des mères célibataires vivant dans des logements sociaux, elles ne pouvaient pas déménager à Liverpool ou payer les frais de garde d’enfant. Nous avons donc essayé de les mettre en contact avec des hôpitaux à travers le pays pour qu’elles puissent trouver du travail près de chez elle », indique la directrice associée.
Ce programme n’est pas le seul à avoir été développé. Le ministère de la Santé a contacté l’équipe de Kim Doherty pour un autre projet en collaboration avec RefuAid mais aussi la branche anglaise de Talent Beyond Boundaries, une ONG américaine qui met en relation des réfugiés avec des opportunités d’emplois internationales.
Visa post-Brexit
L’objectif était de mettre en place un projet similaire pour des infirmiers réfugiés, notamment palestiniens, déplacés au Liban ou en Jordanie. « Ces participants suivent aussi les quatre semaines de formations et les cours d’anglais, mais ils n’entrent pas au Royaume-Uni avec le statut de réfugié, précise Kim Doherty. Nous avons pu les faire venir grâce aux nouveaux visas pour les travailleurs à compétences rares, post-Brexit, qui permettent de travailler dès le premier jour. »
Ces participants ont droit à un logement pour six mois le temps de trouver une habitation ainsi qu’un accompagnement à l’entrée au Royaume-Uni. « En revanche, ils ne peuvent bénéficier d’aucune aide sociale. S’ils perdent leur emploi, ils ont 60 jours pour en trouver un autre », précise-t-elle.
Ce deuxième programme a permis de faire entrer dans le pays 99 infirmiers depuis septembre 2021. 65 personnes supplémentaires doivent arriver au mois de mai pour travailler dans 16 hôpitaux à travers l’Angleterre.
« Nous essayons de faire de ce programme une voie de recrutement normale, conclut Kim Doherty. Les quatre semaines de formation sont en train d’être transformés en programme en ligne. Nous allons en revanche donner plus de soutien pour l’apprentissage de l’anglais car c’est la plus grande barrière au recrutement. »
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