C'est un dispositif négocié au préalable entre l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) et l'assurance-maladie qui inquiète les médecins libéraux. L'objectif est d'instaurer un mécanisme de « dispensation adaptée » en pharmacie, dans le respect de la prescription médicale, uniquement pour les traitements à posologie variable.
En pratique, le pharmacien serait chargé de « s’assurer de la délivrance de la quantité pertinente de médicaments nécessaires au traitement prescrit, afin d’éviter tout risque de mésusage ». Pour cet acte, le pharmacien touchera une rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) dont le montant sera négocié entre la CNAM et les syndicats de pharmaciens d'officine.
Conforter le message du prescripteur
Dans le document présenté aux syndicats de médecins libéraux, lors de la commission paritaire nationale (CPN) du 11 décembre, la CNAM a fixé le cadre de ce dispositif.
« La dispensation adaptée n'est pas une modification ou une adaptation de la prescription médicale ni d'un point de vue de la posologie, ni de la durée du traitement, ni des molécules prescrites, lit-on dans le document que « le Quotidien » s'est procuré. Elle concerne uniquement les traitements dont la posologie est à ajuster en fonction des symptômes perçus par le patient et pouvant être soumise à sa libre appréciation dans le respect de l’objectif thérapeutique. Lors de la dispensation, le pharmacien conforte le message donné par le prescripteur sur les précautions d’emploi et la juste posologie nécessaire qui peut être adaptée en fonction de la situation du patient. »
Signe que les travaux avancent, une liste de 22 classes pouvant être concernées par la dispensation adaptée est déjà dans les tuyaux, selon le document dévoilé par la CNAM.
Dans le dos des médecins ?
Très remonté contre ce dispositif, le SML n'apprécie pas que « cette question soit traitée dans le dos des médecins ». « On comprend que les médicaments puissent finir au fond du placard et que cela a un coût. Mais plutôt que de donner le pouvoir au pharmacien de décider, nous pourrions indiquer le nombre de boîtes à délivrer », écrit le Dr Philippe Vermesch, président du SML, dans son éditorial en ligne.
Du côté des généralistes de la CSMF, on juge que cette mission négociée au préalable avec les pharmaciens est « une occasion manquée pour promouvoir l'exercice coordonné ». « Le message est mauvais. Il dresse les professions de santé les unes contre les autres. Après on perd du temps dans les territoires pour déminer », déplore le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Le généraliste de Mayenne aurait préféré d'emblée une négociation interpro avec médecins, pharmaciens et infirmiers. « Éviter le gaspillage et s'assurer de la bonne observance thérapeutique est dans l'intérêt du médecin, de l'infirmier et du pharmacien. Cela doit être un travail d'équipe », dit-il. « Et l'infirmière qui fait des visites à domicile, qui va souvent chercher les médicaments à la pharmacie est la mieux placée pour jouer ce rôle », ajoute-t-il.
Pour MG France, la dispensation adaptée ne présente qu'un « intérêt limité en termes d'économies et de santé publique ». « La problématique de l'inobservance porte davantage sur des médicaments chers prescrits notamment pour traiter l'asthme ou la BPCO, commente le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. Et ces médicaments ne figurent pas sur la liste. »
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