« LES INFECTIONS bactériennes constituent une cause majeure de morbidité et de mortalité chez les enfants atteints de drépanocytose, rappellent Thomas William et coll. Des études américaines ont montré que plusieurs organismes, incluant S. pneumoniae, H. influenzae et Salmonella non typhi, sont en cause. Dans les pays développés, l’introduction de la prophylaxie par la pénicilline et d’une immunisation par les vaccins conjugués dirigés contre S. pneumoniae et H. influenzae ont amélioré de façon significative le pronostic des enfants atteints de drépanocytose.
Mais c’est en Afrique que naissent 80 % des enfants atteints de drépanocytose. Des études ont suggéré que les germes provoquant des maladies bactériennes invasives chez les patients drépanocytaires africains diffèrent de celles retrouvées dans les pays développés. Mais ces études comportent un biais potentiel : bon nombre se sont focalisées sur des enfants ayant déjà un diagnostic de drépanocytose. Or, en Afrique sub-saharienne, plus de 90 % des enfants drépanocytaires meurent avant que le diagnostic de drépanocytose soit porté. Ce qui a conduit Thomas et coll. à avoir une démarche différente : rechercher une drépanocytose chez des enfants admis à l’hôpital pour une bactériémie.
Cette étude a été conduite à l’hôpital du district de Kilifi sur la côte kenyanne. Une étude conduite dans cet hôpital entre le 1e août 1998 et le 31 juillet 2002 a montré que 7 % des enfants admis ont une bactériémie et que 70 % des infections sont provoquées par 5 organismes : S. pneumoniae, Salmonella non typhi, H. influenzae, E. coli et S. aureus. Le vaccin H. influenzae a été introduit dans ce district en novembre 2001 ; la couverture pour trois doses de vaccin pentavalent (diphtérie, tétanos, polio, H. influezae et hépatite B) a été estimée à 88 % en 2004.
Un odds ratio à 26.
Dans l’étude dont il est ici question, entre le 1er août 1998 et le 31 mars 2008, tous les enfants de moins de 14 ans admis à l’hôpital Kilifi ont eu des hémocultures (sauf ceux admis pour des procédures électives ou surveillance après accidents mineurs). Ainsi, dans cette période, des hémocultures ont été prévelées à 38 441 enfants. D’importants pathogènes bactériens ont été cultivés chez 2 157 enfants (6 %). Parmi ces enfants, 1 749 ont eu un génotype à la recherche d’une drépanocytose ; 108 (6 %) étaient positifs (contre 1 % des sujets contrôles). Les organismes le plus souvent isolés chez les enfants drépanocytaires étaient : S. pneumoniae (41 %), Salmonella non-typhi (18 %), H. infliuenzae (12 %), Acinetobacter (7 %) et E. coli (7 %). Chez les enfants drépanocytaires, l’odds ratio ajusté pour l’âge pour la bactériémie était de 26,3, les plus fortes associations étant retrouvées pour S. pneumoniae (33), Salmonella non-tyhi (35,5) et H. influenzae de type b (28,1).
« Les organismes provoquant une bactériémie chez les enfants africains avec une dépnocytose sont les mêmes que dans les pays développés. L’introduction de vaccins conjugués contre S. pneumoniae et H. influenzae dans les programmes d’immunisation en Afrique pourrait modifier de façon substantielle la survie chez les enfants drépanocytaire », concluent les auteurs. Pour ce qui est du Kenya, il s’agirait du maintien du vaccin anti- H. infuenzae de type b et de l’introduction du vaccin conjugué contre S. pneumoniae.
The Lancet, publication en ligne du 10 septembre 2009.
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