En Bourgogne-Franche-Comté, le projet régional de santé 2018-2022 prévoit à partir de juin la fermeture des urgences la nuit dans les centres hospitaliers où l'activité est très faible. L'agence régionale de santé a présenté ce mardi les grandes lignes de la restructuration de l'accès aux soins urgents dans cette région minée par une démographie médicale en berne.
La Bourgogne-Franche-Comté compte 29 structures des urgences, 32 implantations de SMUR et 5 centres de régulation. « Il nous manque, en Bourgogne-Franche-Comté, entre 150 et 220 médecins urgentistes [pour près de 400 en activité, NDLR] si l'on veut faire fonctionner le système des urgences dans de bonnes conditions. C'est énorme », a constaté Pierre Pribile, directeur général de l'ARS.
Créer des équipes territoriales d'urgentistes
Les tensions, sur le sujet, ne sont pas propres à la Bourgogne-Franche-Comté. Cependant, a reconnu le patron de l'ARS, « dans [cette] région, les ressources humaines sont hyper-contraintes, plus qu'ailleurs ». Dans l'Yonne, les quatre services d'urgences fonctionnent avec 30 médecins au lieu de 67. Dans la Nièvre, à Clamecy, seuls deux médecins urgentistes sont en poste quand il en faudrait… onze.
L'ARS veut donc changer la donne à l'occasion de la mise en place du nouveau projet régional de santé.
Première mesure phare : les services d'urgences qui enregistrent moins de 30 passages pour 24 heures sont tous appelés à se réorganiser. « Selon les sites, nous avons deux schémas d'organisation possibles », a détaillé Pierre Pribile.
Première option : le service des urgences ferme la nuit pour limiter la garde à un seul urgentiste (qui assure les sorties SMUR). C'est le cas à Lure (Haute-Saône) ou à Champagnole (Jura). Deuxième option : le centre hospitalier conserve un accueil 24 heures sur 24 dans son service des urgences mais avec un seul urgentiste qui, en cas de besoin, assure les sorties SMUR.
C'est l'organisation qui sera mise en place, après adoption du projet régional de santé, dans les centres hospitaliers de Tonnerre, Avallon (Yonne), Clamecy (Nièvre). « Cela demande d'organiser une astreinte médicale avec des médecins formés aux gestes d'urgences dans l'hypothèse où l'urgentiste doit assurer une sortie SMUR alors qu'un patient s'est présenté aux urgences », a précisé Pierre Pribile.
Ces mesures impliquent une réflexion à l'échelle des groupements hospitaliers de territoire (GHT), pour « créer des équipes territoriales d'urgentistes », a ajouté Pierre Pribile. L'objectif : mieux « répartir la charge de travail » entre les professionnels qui, pour certains, « sont en risque de burn out ».
La ville associée sur les soins non programmés
Deuxième mesure : le projet régional de santé prévoit de centraliser progressivement la régulation des appels de la Nièvre (courant 2018) puis de l’Yonne (sur l’échéance du projet régional de santé) au CHU de Dijon. Cela permettra, dès cette année à Nevers, de libérer les six urgentistes qui se relaient pour assurer la permanence de la réponse. « Nous ne faisons pas un saut dans l'inconnu », a souligné Pierre Pribile. Ce mode d'organisation est celui en vigueur en Franche-Comté où la régulation est assurée depuis Besançon.
Les projets de l'ARS ne sont pas neutres pour les médecins libéraux. La troisième grande mesure de la tutelle prévoit l'association de la médecine de ville à la prise en charge des soins non programmés, aujourd'hui gérés par les services d'urgences. Comment ? En développant au sein des maisons de santé des plateformes d'accès des soins non programmés dotées d'une salle dédiée aux petites urgences ; en favorisant l'organisation de tours de « garde », comme c'est le cas dans le sud de la Saône-et-Loire. Le cahier des charges régional, qui définit la permanence des soins ambulatoires, est en cours de révision. Il sera mis en œuvre à partir du mois d'août.
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