Deux ans de prison avec sursis ont été requis mardi 25 septembre contre une pédiatre de l'hôpital de Cambrai (Nord) jugée pour homicide involontaire après la mort d'une fillette en 2016.
La petite Maréva, à qui on avait diagnostiqué une rhinopharyngite la veille, était prise en charge à l'hôpital de Cambrai à 1 h 30 pour des vomissements et douleurs abdominales le 8 mars 2016. Placée en pédiatrie, la petite fille a été examinée par l'interne de médecine générale du service qui, inquiète de l'état « grave » de la petite (tachycardie, marbrures sur un ventre très douloureux, vomi verdâtre) a appelé la pédiatre senior qui assurait l'astreinte chez elle. Cette dernière lui avait demandé de contacter le chirurgien d'astreinte.
« Il me remet à ma place gentiment, me dit que pour mon avenir, je dois apprendre une certaine façon de faire, la pédiatre ne s'étant pas déplacée, il ne voit pas pourquoi je l'appelle », a relaté l'interne à la barre, seule citée comme témoin. « Je voulais la transférer à Valenciennes, puisqu'ici il n'y a que des fainéants, des gens payés à rester chez eux tranquillou, pensant que c'était ça une garde », a-t-elle ajouté.
Inaction
L'interne a donc rappelé la pédiatre qui, arrivée vers 3 h 45, a ausculté l'enfant et appelé le radiologue d'astreinte – qui ne s'est pas déplacé. À défaut de scanner, des radios du thorax et de l'abdomen ont été réalisées. La pédiatre était repartie chez elle vers 4 h 30. Recevant les résultats des examens, elle avait aussi donné comme directive de poursuivre la surveillance. « Pour moi, elle n'allait pas mourir. Elle est en soins continus, avec un scop », a expliqué à la barre la prévenue, en larmes, répétant aux parents, déjà séparés à l'époque, « être vraiment désolée et regretter ».
Pour le ministère public, « ce n'est pas l'inaction des autres protagonistes qui a conduit au décès de Maréva » mais bien celle de la pédiatre. Si l'avocate de la prévenue, Me Brigitte Karila, a reconnu « l'erreur de diagnostic », « une erreur de diagnostic à elle seule ne signifie pas faute pénale », selon elle. Elle a insisté sur l'absence de « culture médicale commune » et les « conditions défectueuses » au sein de l'hôpital. Pour l'avocate qui a plaidé la relaxe, « le fait qu'il n'y ait pas eu de travail d'équipe a été lourd de conséquence ».
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