Le cabinet tournait à plein régime… Tellement bien que le médecin généraliste installé dans la zone urbaine sensible de La Paillade, à Montpellier, déclarait un chiffre d'affaires annuel oscillant entre 750 000 et 800 000 euros !
Placés en garde à vue le 9 mai suite à une perquisition menée par le groupe d'intervention régional sur ordre du procureur adjoint de Montpellier, le médecin et sa secrétaire ont été mis en examen pour une escroquerie dont la CPAM évalue le préjudice à 550 000 euros. « Ce montant sera sans doute réajusté car dans l'agenda du médecin, nous avons constaté des bizarreries. Un jour, il a effectué 90 consultations et 23 déplacements, ce n'est pas commun », explique un enquêteur au « Quotidien ».
Dans cette affaire, un deuxième médecin (remplaçant du premier mais travaillant en réalité à temps plein au cabinet) est lui aussi l'objet d'une mise en examen pour escroquerie. Selon les enquêteurs, sa présence n'était pas déclarée et il ne signait pas de son nom les ordonnances.
La secrétaire gardait les cartes Vitale
Le généraliste escroc présumé, déjà suspendu six mois dans le passé par l'Ordre des médecins du Var pour des surfacturations, est soupçonné là encore de surfacturations et d'actes fictifs (faux arrêts maladie, renouvellements de complaisance).
« Sa secrétaire conservait les cartes Vitale et les passait à la place du médecin. On soupçonne que des arrêts maladie et des prescriptions étaient reconduits sans consultation, explique le procureur adjoint de Montpellier Yves Micolet. Après un coup de fil à la secrétaire, celle-ci distribuait les ordonnances. Nous avons fait des saisies en ce sens… Le membre du conseil de l'Ordre des médecins qui était présent lors de nos perquisitions était horrifié ».
Le cabinet médical prolifique était très populaire dans le quartier. « Rien que durant la matinée de perquisition, nous avons dû renvoyer une cinquantaine de patients », précise le procureur. Samedi une centaine d'entre eux ont manifesté dans les rues de Montpellier, allant jusqu'à bloquer une ligne de tram au cri de « rendez-nous notre médecin ».
À ce jour, le conseil de l'Ordre des médecins de l'Hérault ne s'est pas prononcé quant à une plainte éventuelle. Mais joint par « Le Quotidien », son président, le Dr Xavier de Boisgelin, parle de « faits scandaleux » laissant présumer qu'il soutiendra une poursuite en justice au nom de l'institution ordinale.
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