La santé, une affaire d'État ? Si, aux yeux de certains, c'est forcément le cas, ce n'est pas forcément l'avis du Mouvement des entreprises de France (Medef), qui a consacré ce mercredi un débat (« REF santé ») à cette thématique, pour la première fois depuis longtemps. « La santé est une affaire collective pour les citoyens, mais aussi les chefs d'entreprise, il nous faut des salariés en bonne santé, c'est un facteur de compétitivité du pays », a cadré d'emblée Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef.
Equilibre
Alors que le patronat s'est peu saisi des questions de santé ces dernières années, la crise a complètement changé la donne et invite « à se poser la question du rôle de l'État et des acteurs privés », a souligné Geoffroy Roux de Bézieux. « L'équilibre trouvé en France entre le public et le privé doit être amélioré. Les leçons de cette pandémie, ce n'est pas seulement "plus d'État", mais plutôt de ramener chacun dans son rôle », a insisté le patron des patrons, rappelant qu'un comité santé avait été créé il y a deux ans au sein du Medef.
En termes de souveraineté économique et sanitaire, si l'État peut par exemple fixer la liste des produits stratégiques à relocaliser en France ou en Europe, il ne doit pas pour autant tomber dans « le protectionnisme ». Le Medef a appelé l'État à « retrouver sa place d'arbitre », à savoir « donner les grandes orientations, un cadre fiscal, juridique, certaines règles », sans « tout diriger ni tout réguler » pour autant.
Réconcilier hôpitaux et cliniques
Cet équilibre à trouver est un souhait partagé par les Français, à en croire un sondage de l'Ifop pour le Medef, présenté ce mercredi.
Si leurs principales préoccupations restent le recrutement de soignants et l'accès aux soins, 64 % des Français interrogés estiment ainsi qu'un système performant passe par « les synergies entre acteurs publics et privés », au lieu du contrôle et de la direction de l'État. 71 % des sondés seraient favorables à davantage d'autonomie dans la gestion de leur propre santé et parcours de soins. Cela implique une communication « plus fluide » entre les différents intervenants – généralistes, spécialistes, pharmaciens – (44 %), un meilleur remboursement des diverses méthodes de santé y compris alternatives (42 %), une simplification des démarches (41 %), mais aussi une clarification des coûts associés (Sécu, mutuelles, reste à charge).
À la tête du comité « acteurs de santé » du Medef, et président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP, cliniques), Lamine Gharbi a formulé le même vœu de travail « ensemble ». « La première mission de la nouvelle ministre sera de nous réconcilier, hôpitaux publics et cliniques, mais il faut des moyens, du changement, on ne peut pas le faire en stigmatisant, comme ça a été le cas pendant des années, la médecine libérale », a indiqué le patron de la FHP, en précisant que « l'urgence » était quand même de « passer l'été ». Il appelle à « ne pas retomber dans les guerres de chapelles » et à bâtir un « socle identitaire », basé sur le « même patient, même soin, même devoir, même tarification ».
Un pilotage territorialisé ?
Dans ce contexte, le comité santé du Medef a avancé six « priorités pour les prochains mois ». Outre un « plan pour l’emploi dans le secteur de la santé », répondant aux besoins des territoires, il faut repenser la gouvernance du système, « pour passer d’une approche fondée sur l’offre à une approche fondée sur les besoins », résume Lamine Gharbi. Et de plaider pour un pilotage « plus territorialisé » avec les agences régionales de santé (ARS).
Le Medef souhaite aussi réviser les modalités de financement des acteurs du soin pour « garantir la qualité et pertinence des soins », être plus centré sur la prévention et l’innovation. « Il faut organiser une pluriannualité des financements pour améliorer la visibilité des acteurs sur les ressources », souligne Lamine Gharbi. La transition du financement à l’activité vers des financements à l’épisode ou au parcours doit être « favorisée ».
Les employeurs réclament enfin la création d'un fonds stratégique pour la souveraineté sanitaire et l'innovation et souhaitent « assurer un accès précoce » aux médicaments et aux actes innovants. Le patronat veut attirer davantage sur le territoire « la recherche et la production de produits de santé innovants », grâce à une politique fiscale plus incitative et une plus efficience administrative accrue. Le Medef appelle à « rapatrier » un certain nombre de molécules ou principes actifs et à défendre auprès de l’UE une zone de souveraineté sanitaire.
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