Prévention des infections pneumococciques

État des lieux de la vaccination conjuguée

Publié le 24/06/2011
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DU FAIT des particularités de la réponse immune chez les enfants de moins de deux ans, les vaccins polysaccharidiques sont très peu immunogènes dans cette population. Coupler les polysaccharides à une protéine assurant une réponse thymodépendante permet d’augmenter leur immunogénicité, explique le Pr Christophe Strady (CHU de Reims). Les vaccins conjugués induisent une forte immunité dès les premiers mois de vie et entraînent une protection prolongée avec un effet rappel. Ils confèrent également une immunité de groupe liée à une réduction du portage pharyngé qui est un préalable indispensable au développement d’une infection, rappelle le Pr Catherine Weil-Olivier (université Paris VII). Cet effet indirect a notamment été démontré avec le vaccin pneumococcique conjugué heptavalent (PCV7 ; Prévenar) introduit en 2003 dans le calendrier vaccinal pour les enfants de moins de 2 ans à risque puis recommandé pour tous les enfants de cette tranche d’âge en 2006. Comme le note le Pr Marie-Cécile Ploy (ORP et CNRP*), ce vaccin a entraîné une diminution importante du portage et des infections invasives à pneumocoques (IPP) de sérotypes vaccinaux chez l’enfant, mais aussi chez l’adulte. Des données récentes font état d’une baisse de plus de 99 % de ces IPP aux États-Unis. D’autres pays ont connu des résultats similaires, dont la France où l’incidence de ces IPP a baissé d’un tiers chez les 0-23 mois.

D’autres bénéfices.

Le PCV7 a également eu un impact positif sur les infections non invasives et sur les résistances du pneumocoque aux antibiotiques. Des bénéfices dont témoigne la réduction des hospitalisations pour pneumonies et des otites moyennes aiguës compliquées chez les moins de 2 ans et la diminution de la proportion de pneumocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline. Un effet de remplacement sérotypique a été observé après l’introduction du PCV7. Il s’est traduit par une augmentation des sérotypes non vaccinaux, parmi lesquels les sérotypes 1, 3, 7F et 19A qui sont inclus dans le vaccin pneumococcique conjugué 13-valent (PCV13). Ce phénomène justifie la poursuite de la surveillance de la distribution des sérotypes dans les IPP, insiste le Pr Weil-Olivier.

Enfin, les données pédiatriques de prévention vaccinale antipneumococcique ne peuvent pas être extrapolées à l’adulte. Dans cette population, il n’y a pas de corrélation entre le taux d’anticorps et la prévention, ni d’effet rappel patent, et la réponse immunitaire est différente et diminue avec l’âge. Les schémas vaccinaux ne sont pas univoques, mais ne doivent pas débuter par un vaccin polysaccharidique, indique le Dr Jacques Gaillat (CH d’Annecy). Malgré le taux de vaccination élevé des enfants, les infections à pneumocoques restent un fléau chez les adultes qu’il faut donc continuer à vacciner.

Toulouse. 12es Journées nationales d’infectiologie. Symposium Pfizer modéré par le Pr Laurent Gutmann (HEGP, Paris) et le Dr Jacques Gaillat.

* Observatoires régionaux du pneumocoque, Centre national de référence du pneumocoque.

Dr CATHERINE FABER

Source : Le Quotidien du Médecin: 8989