Avant de se rendre à Onnaing, Emmanuel Macron avait pris le temps de s'adresser à la Cour des comptes à l'occasion de sa rentrée, et il a promis que le pays réduirait sa dépense publique, réclamée avec insistance par la Cour, grâce à la réforme des retraites qui, selon lui, sera achevée à l'été 2019. Le président a laissé son Premier ministre traiter les dossiers de Notre-Dame-des-Landes et de l'Exposition universelle, ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas occupé. Comme ses prédécesseurs, il ne se présente comme le premier VRP français, avec l'espoir d'augmenter les créations d'emplois. Si l'on pense qu'il a quelques chances d'être plus efficace qu'eux, c'est parce que son élection a modifié complètement l'image de la France à l'étranger. Selon une enquête, 72 % des investisseurs américains attendent une évolution économique positive en France contre 30 % en 2016 ; et, selon un sondage Ipsos auprès de 200 entreprises étrangères, 60 % jugent la France attractive, contre 46 % en 2016.
Cette bonne image, le chef de l'Etat tente d'en faire un atout diplomatique. La crise allemande touche à sa fin grâce au consentement des socio-démocrates à participer à un gouvernement de coalition à Berlin. Mais l'Allemagne d'après les élections législatives de septembre 2017 n'est plus ce qu'elle était. Si ses résultats économiques et commerciaux sont extraordinairement brillants, l'affaiblissement des deux grands partis, la CDU-CSU et le SPD, rend la gestion du pays très compliquée. Le SPD n'a accepté de gouverner qu'à contre-cœur, persuadé qu'il est que, tant qu'il sera à la remorque des conservateurs, il perdra des suffrages. Le nouveau chef de la gauche, Martin Schultz, ancien président du Parlement européen, va au gouvernement la mort dans l'âme. La confiance irréductible que les Allemands semblaient accorder à Angela Merkel a beaucoup diminué depuis qu'elle a décidé, en 2015, d'accueillir près d'un million de réfugiés du Proche-Orient.
Une leçon pour le président
Le sort de l'Allemagne est à lui seul un enseignement pour M. Macron. D'abord, il constate que la générosité de la chancelière en matière d'immigration lui a coûté cher, ce qui peut expliquer que le gouvernement français ait décidé de durcir sa propre politique en la matière. Nombre d'intellectuels et d'élus de gauche ont dénoncé ce durcissement. Ils y voient un abandon par la France de ses principes humanistes les plus rigoureux. Le président, pour sa part, se dit qu'une hausse du nombre d'immigrés ne profiterait qu'au Front national, comme elle a profité au parti d'extrême droite allemand Alternative für Deutschland qui a maintenant 90 députés au Bundestag.
Ensuite, la réalité de l'affaiblissement d'Angela Merkel fait automatiquement de M. Macron le nouvel homme-lige de l'Europe. L'Union a besoin d'une réforme ; elle est traumatisée par l'immigration ; elle a encore besoin de renforcer ses règlements pour se mettre à l'abri d'une nouvelle crise des marchés ; elle est inquiète de ce qui se passe en Allemagne, alors que la chancelière, depuis si longtemps, rassurait les Européens, ce qu'elle ne peut plus faire. Le président français, qui, lorsqu'il fut élu, a été reçu par des applaudissements dans le cénacle européen, devient du coup celui qui a déjà donné des gages de sa politique réformiste et peut être considéré comme le leader naturel de l'Union, au moment où le monde devient de plus en plus cynique et hostile, avec des leaders, comme Trump, Poutine ou Xi Jinping, qui ne connaissent que le rapport de forces. Il ne laissera pas passer cette magnifique occasion.
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