Rarement politique de santé aura provoqué un tel rejet dans la profession, au point que c’est un conflit
« global » de la médecine libérale qui marque cette fin d’année 2014.
Les généralistes ont sonné la charge les premiers. « La coupe est pleine », lançait l’UNOF dès le 16 octobre en appelant à la fermeture des cabinets de médecine générale du 24 au 31 décembre (MG France avait privilégié le 6 janvier, quatrième anniversaire de la dernière hausse du C).
Après une course à l’échalote entre les syndicats sur les modalités et les dates du conflit, les principales organisations (UNOF-CSMF, MG France, FMF et SML) ont finalement lancé un appel commun aux généralistes pour cesser l’activité à partir du 23 décembre et faire la grève de la permanence des soins.
Aux critiques vives entourant la loi de santé (tiers payant obligatoire généralisé, vaccinations dans les pharmacies, infirmières cliniciennes…) se sont agrégées des revendications tarifaires (dont le C à 25 euros) mais aussi la demande de suppression des tâches administratives ou la fin du « harcèlement » de certaines caisses primaires.
Rapidement, les autres spécialités de ville sont entrées dans la bataille. Les branches « spécialistes » des centrales syndicales et les « verticalités » de la CSMF (radiologues, pédiatres, gastro-entérologues…) ont appelé leurs troupes à la mobilisation à la même période de fin d’année. L’association d’urgentistes libéraux « SOS-Médecins » a décidé de participer au mouvement de grève, accusant les agences régionales de santé (ARS) d’avoir « démantelé la permanence des soins ».
Les spécialités de bloc opératoire mobilisées
Parallèlement, la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), mais aussi les spécialités de plateaux cliniques lourds réunies au sein du syndicat Le Bloc, ont annoncé un mouvement d’arrêt d’activité dans les cliniques et hôpitaux privés à compter du 5 janvier, « pour une durée illimitée ». Les cliniques jugent que la loi de santé conduira à leur marginalisation face à un hôpital « hégémonique » et favorisé dans l’attribution des autorisations d’activité et d’équipements lourds. Publié le 19 novembre, le décret sur les contrats responsables qui n’oblige pas les complémentaires santé à solvabiliser les dépassements d’honoraires dans le cadre du contrat d’accès aux soins (CAS), et plafonne la prise en charge du secteur II, a contribué à l’exaspération des praticiens du secteur privé.
Derniers à entrer en piste, pour des raisons différentes, les urgentistes (AMUF) ont annoncé une grève illimitée à compter du 22 décembre pour protester contre leurs conditions de travail, la pénibilité non reconnue et réclamer une revalorisation des gardes.
Quelques syndicats ont marqué leur différence : favorable au tiers payant généralisé, le syndicat de la médecine générale (SMG) dénonce une « mobilisation corporatiste ». Les médecins des centres de santé (USMCS) ont expliqué qu’ils ne feraient pas grève tout en appelant à la concrétisation de la révolution du premier recours.
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