M. Fillon a été mis en examen notamment pour « détournement de fonds publics, recel et complicité d'abus de biens sociaux, et manquement aux obligations déclaratives à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ». L'annonce de cette mise en examen, qui a eu lieu un jour avant la date prévue de la visite de l'ancien Premier ministre chez les juges pour éviter la cohue médiatique ,accroîtra les doutes de tous ceux, et ils sont nombreux, qui ne croient pas que M. Fillon puisse continuer sa campagne alors qu'il fait l'objet d'accusations tendant à montrer qu'il a été longuement engagé dans un effort d'enrichissement personnel aux dépens du contribuable français.
A quatre reprises, M. Fillon, à qui ses meilleurs amis ont demandé de réviser sa position et même de se désister, a réussi à convaincre son camp qu'il n'existait pas de plan B et que personne, parmi les dirigeants de la droite, pas même Alain Juppé, n'étaient en mesure de le remplacer et que lui seul, porteur d'une réforme profonde et adaptée à la situation économique, sociale et financière du pays, pouvait apporter les changements indispensables au redressement national. Il a été objectivement aidé, dans cette démarche marquée par la dénégation, par Nicolas Sarkozy et, accessoirement, par François Baroin, qui ont fait barrage à M. Juppé au point qu'il y a huit jours, le maire de Bordeaux a annoncé son retrait définitif de la campagne, tout en soulignant le « gâchis » résultant d'un passé que M. Fillon avait si bien caché en excipant d'une probité inattaquable, notamment quand il a porté le coup de grâce contre M. Sarkozy : « Imagine-t-on, avait-il dit, le général de Gaulle mis en examen ? »
Une bataille désespérée
M. Fillon a cru également qu'il pouvait surmonter ses ennuis judicaires en réunissant au Trocadéro une foule de supporters qui l'a acclamé et devant laquelle, pour lui complaire, il a prononcé un discours marqué par la radicalisation de ses idées. Cette fuite en avant ne l'a pas empêché de conserver le soutien de l'UDI, parti centriste, avec laquelle il a conclu un accord pour la répartition des sièges aux élections législatives. Il a donc organisé sa résistance à l'adversité avec beaucoup de ténacité et un certain courage, mais il n'ignorait plus que les juges ne lui accorderaient aucun répit, que chacune des révélations de la presse, par exemple sur les costumes immensément coûteux qui lui ont été offerts par des « mécènes », ou sur le remboursement à leurs parents d'une bonne partie des émoluments que son fils et sa fille ont gagnés grâce à l'aide qu'ils ont apportée à leur père, soulèveraient autant de questions auxquelles il n'est plus capable de répondre. « Et alors ?», a-t-il dit sèchement quand on lui a demandé de s'expliquer sur le sujet des costumes, sans paraître se rendre compte que l'opinion est en train de découvrir un système, à la fois ingénieux et quelque peu sordide, pour arrondir des revenus qui, dans le cas d'un député ou d'un Premier ministre, sont largement supérieurs à ceux du Français moyen.
Jusqu'à mardi, M. Fillon ne décollait guère dans les sondages, scotché à 20 % et dépassé de quelque cinq points par Emmanuel Macron, lequel apparaît aujourd'hui comme le seul candidat capable de nous épargner une victoire de Marine Le Pen. Il serait hasardeux d'imaginer que, devant de tels coups du sort, M. Fillon finira pas se retirer, mais il serait tout aussi hasardeux de continuer à croire qu'il ne le fera pas, qu'il va présenter sa réforme sur tout le territoire à des gens qui demanderont d'autres comptes et qu'il arrivera en bonne forme au terme de la course. Le gâchis signalé par M. Juppé est bel et bien confirmé et François Fillon risque d'être le candidat qui aura fait perdre à la droite une chance historique de revenir au pouvoir.
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