« OÙ EST PASSÉ le dépistage pour tous ? », demandait « le Quotidien » du 30 juin, après l’avis du Conseil national du sida (CNS) et de la Conférence nationale de santé dénonçant le manque d’ambition du projet de plan national de lutte contre le sida et les IST préparé par le ministère de la Santé. Le message a été entendu. Roselyne Bachelot a revu sa copie et le plan 2010-2014, dont elle a révélé quelques grandes lignes à « Libération », prévoit de proposer le test à tous, de 15 à 70 ans, et pas seulement aux personnes jugées à risques. Une campagne devrait être lancée en décembre pour inciter les professionnels de santé à proposer systématiquement ce dépistage.
La ministre annonce également « un dépistage beaucoup plus volontariste », avec plus de 10 centres de dépistage communautaires, la création de centres de santé sexuelle et un comité national de pilotage du plan, qui prévoit de mobiliser 1 milliard sur cinq ans. Le projet prévoit encore de promouvoir la stratégie de prévention combinée, associant préservatif et traitement antirétroviral ; de renforcer l’accessibilité des préservatifs ; de lutter contre la stigmatisation et la discrimination. L’objectif affiché est, en cinq ans, de réduire de 50 % le nombre de nouvelles infections, de 50 % également l’incidence du sida et de 20 % la mortalité.
Interrogé par l’AFP, Willy Rozenbaum, président du CNS, tempère déjà l’enthousiasme. Le CNS, appelé à nouveau à se prononcer et qui a mis le projet de plan à son ordre du jour le 14 octobre, a reçu le texte il y a seulement quelques jours. « C’est une version préliminaire, où il reste un ensemble de choses qui ne sont pas finalisées », dit le Pr Rozenbaum. S’il reconnaît « en intention, un virage à 90 degrés par rapport au projet de juin, sur des options importantes comme le dépistage en population générale, l’approche du dépistage en France, la prise en compte d’une méthode de prévention combinée, qui ne repose pas sur le seul préservatif », il estime, à titre personnel, qu’il y a « beaucoup de contradictions dans la déclinaison, dans la mise en œuvre ».
« La grande illusion ».
Sidaction se félicite également des « avancées qui semblent se dessiner, sur le dépistage notamment » mais juge que la lutte contre le sida en France, « c’est la grande illusion ». En cause, l’amendement adopté en première lecture du projet de loi sur l’immigration et l’intégration, une disposition sur les titres de séjour que la Société française de santé publique qualifie pour sa part d’« extrêmement dangereuse ». L’amendement du député UMP Thierry Mariani restreint en effet le droit au séjour pour un étranger malade, puisqu’il ne lui serait plus accordé qu’en cas d’« indisponibilité d’un traitement approprié dans le pays dont il est originaire » et non plus s’il ne peut « effectivement bénéficier d’un traitement approprié dans le pays dont il est originaire ». La nuance est de taille puisque, souligne la SFSP, les traitements de l’infection à VIH sont formellement disponibles dans quasiment tous les pays du monde, mais pas pour autant accessibles à toute la population.
L’indignation domine donc la satisfaction en ce qui concerne le dépistage. « En pratique, souligne Sidaction, les étrangers malades seront renvoyés dans leur pays et n’auront pas accès aux traitements. Ils vont donc mourir. Ou bien ils resteront illégalement en France et ne seront plus suivis. L’épidémie sera hors de contrôle. L’objectif annoncé de réduire la mortalité ne sera jamais atteint. »
Pour Roselyne Bachelot, qui s’affiche volontariste – « On a aujourd’hui les moyens d’arrêter l’épidémie en France », dit-elle à « Libération » –, la bataille risque d’être rude.
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