En effet, le chef de la France insoumise, en visite à Athènes, a admis que M. Macron avait marqué un point, que les réformes n'ont pas été accueillies par une mobilisation générale contre leur application. Et il a exprimé l'espoir que la jeunesse descende dans la rue. De son côté, le très probable futur président des Républicains, Laurent Wauquiez, au cours du week end dernier, a lancé une attaque si vive contre le président de la République qu'elle en perdait toute signification. Il a dressé le portait d'un Macron « arrogant et capricieux », qui « n'a pas de vision de la France », qui « parle de nation européenne, pas de nation française ». Il a poursuivi dans la même veine : « Sur l'économie, il ne redressera pas le pays, sur la fiscalité, il est profondément injuste pour les classes moyennes et les retraités, sur le régalien, il ne prend pas la mesure des menaces qui pèsent sur le pays».
M. Wauquiez, dans d'autres propos, semble décidé à fouler les plates-bandes du Front national, ce qui conduit Marine Le Pen à le remettre à sa place. En somme, la France compte un nombre considérable d'opposants au gouvernement, mais rien ne laisse croire qu'ils vont se rassembler pour tenir tête au pouvoir. Dans son moment de sincérité, Jean-Luc Mélenchon a mis le doigt sur une indéniable réalité : M. Macron a bousculé tous les codes qui régissaient, jusqu'à il y a encore cinq mois, la vie politique. La crise de la droite est durable. Ce qui caractérise son positionnement, c'est le manque absolu d'originalité, une analyse critique très convenue et éminemment prévisible, associée à une imitation de l'extrême droite suffisante pour qu'il se fasse élire par les militants LR et par Sens commun, mais totalement insuffisante pour déloger la macronie. Qu'un homme par ailleurs brillant se contente d'une stratégie aussi grossière pose problème.
Le langage insolent du président
Le PS, pour sa part, énonce des arguments plus subtils, mais avec l'enthousiasme qu'autorise son problème spécifique : comment remonter la pente quand ses adhérents sont aussi divisés, quand ses chefs de file proposent des idées contradictoires, quand une défaite électorale somme toute catastrophique prive le parti à la fois d'une dynamique et du nerf de la guerre. Quant au FN, Marine Le Pen a démontré, lorsqu'elle est intervenue sur France 2, qu'elle ne parvenait pas à redorer une image complètement brouillée par sa prestation télévisée désastreuse de l'entre deux tours, alors que Florian Philippot l'a quittée, que ses amis se posent des questions sur sa compétence et sa lucidité, et que la très jeune Marion Maréchal Le Pen apparaît comme une alternative intéressante. Le Front est un chariot enfoncé dans la vase. Son problème historique est qu'il a toujours été identifié à un leader. Un affaiblissement du leadership annonce forcément un bouleversement qui pourrait se concrétiser lors du congrès du FN en mars prochain.
Lundi dernier, dans ces colonnes, je tentais de montrer la cohérence des mesures économiques et sociales du gouvernement, bien que beaucoup de ces mesures soient irritantes pour diverses catégories de la population. Aujourd'hui, je constate qu'Emmanuel Macron avance à découvert sur un terrain où aucun adversaire ne semble en mesure de freiner sa course. La fragilité des oppositions, voilà qui explique peut-être le langage parfois insolent du président. Cette touche de provocation qu'il a introduite dans son discours, son indifférence totale pour les réactions souvent indignées des partis, sa certitude que rien ne l'oblige à changer de langage s'appuient sur le malaxage des idées et des forces politiques que son élection a entraîné. Comme rien n'est durable en ce bas-monde, le chef de l'État harcèle aujourd'hui à la fois l'opposition et l'opinion, parce qu'il ne pourra pas le faire plus tard. Cela s'appelle battre le fer tant qu'il est chaud.
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