Avant de régler le problème causé par la grève des gardiens de prison, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, semble avoir été déstabilisée pendant trois jours. Ministre de la Culture, Françoise Nyssen, qui a pourtant apporté au gouvernement sa belle notoriété d'éditrice, a du mal à imposer ses volontés, et même à les exprimer ou à donner suite à de beaux projets (par exemple, un passe culturel de 500 euros pour les jeunes des quartiers sensibles) qui démontrent plus l'intensité de son imagination que sa capacité à les mettre en pratique.
On reproche aux ministres issus de la vie civile l'insuffisance politique de leur approche des dossiers. C'est une critique formulée sous la forme d'une contradiction : ils ont été recrutés bien plus pour leurs compétences techniques que pour faire carrière dans les palais de la république. Ils n'ont pas manqué, d'ailleurs, d'apporter une certaine fraîcheur à ce gouvernement. Malheureusement, le temps imparti à un ministre pour essuyer les plâtres de son noviciat est très court. Or il n'est pas facile de s'imposer quand on est dans ce que l'on appelait jadis la lumière des projecteurs et qui correspond aujourd'hui à l'impitoyable analyse critique des médias.
Il est vrai néanmoins qu'un homme comme Bruno Le Maire, qui a eu sa part de reproches, sait mieux les faire oublier qu'un homme sans passé politique. A cet égard, la ministre des Armées, Florence Parly, est parvenue, par un travail acharné, à se faire respecter par les militaires en apprenant son nouveau métier jour et nuit pendant qu'il lui fallait gouverner. La loi de programmation militaire prévue pour la période 2018-2025, donc au-delà du mandat d'Emmanuel Macron, lui a certes permis de conquérir les cœurs des soldats, parce qu'elle leur accorde les crédits qu'ils réclamaient, après une vive querelle entre le président et l'ancien chef d'état-major des armées, Pierre de Villiers, qui a démissonné sur le champ l'année dernière. Celle qui, jusqu'à présent, a le mieux réussi son parcours, c'est Muriel Pénicaud qui, à la tête de son ministère, a engagé la réforme du travail avec un minimum de conséquences sociales, principalement parce que cette ancienne directrice des ressources humaines dans de grandes sociétés maîtrisait ses dossiers comme personne. Pourtant, elle n'a jamais eu auparavant, de responsabilités politiques.
La dialectique pouvoir-presse
Ce qui n'a pas empêché la presse de souligner la valeur de son patrimoine. Dans les critiques adressées au gouvernement, il y a certes des piques destinées à faire jaser et à alimenter la chronique. Il existe désormais une sorte de transparence forcée que la multiplicité des lois contre tous les abus de pouvoir susceptibles d'être commis par des élus ou par des personnes désignées à des postes importants rend inamovible. On se doute que M. Macron, si soucieux de n'en faire qu'à sa tête et de tirer parti des immenses pouvoirs à lui conférés par la Constitution, aurait préféré que ses ministres ne fussent pas l'objet du tir de barrage permanent de la presse. Mais on se dit dans la foulée qu'il vaut mieux qu'un pouvoir, quel qu'il soit, rende des comptes à une opinion représentée par les médias.
Par exemple, on a tiré à boulets rouges sur le discours présidentiel qui refusait aux nationalistes corses la satisfaction de leurs nombreuses et excessives revendications, mais après tout, les Français ne peuvent pas tirer un trait sur le passé sanglant des nationalistes. La presse juge le chef de l'Etat insensible aux doléances de MM. Simeoni et Talamoni. Lui, il leur rappelle le sacrifice du préfet Erignac. Il n'a pas tort, la presse non plus. La démocratie, c'est ça.
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