Le projet de budget pour l'année 2019 exprime, encore mieux que les déclarations officielles, la volonté du gouvernement de s'adapter à la conjoncture éocnomique et sociale. Ce n'est pas un budget macronien. Il distribue quelques largesses, mais il augmente encore les impôts subrepticement. Il n'apporte aucun changement notable par rapport aux budgets de ses prédécesseurs. C'est une construction habile, mais compliquée, qui aboutit à un résultat médiocre, avec une hausse de la dépense publique, une hausse du déficit budgétaire et des recettes en berne à cause d'une croissance insuffisante. Il n'entraînera pas une hausse du pouvoir d'achat qui eût augmenté la consommation et, peut-être, la croissance. Il améliorera sans doute le sort des plus pauvres, mais ne satisfera pas la classe moyenne. C'est un budget réaliste, prudent, raisonnable mais où se devinent les contraintes liées au ralentissement de l'activité.
Or seule l'audace budgétaire, avec une vive hausse du pouvoir d'achat, aurait permis au président de la République d'améliorer sa cote de popularité et d'obtenir l'adhésion d'un plus grand nombre d'électeurs. C'est donc davantage sur le plan politique que sur le plan économique que l'exécutif peut agir. Parce que la croissance n'a été forte que dans la seconde moitié de l'année 2017 et parce que les erreurs de communication ont été multiples, la vigueur de la majorité est retombée. Son énergie cinétique continue de faire avancer la République en marche, mais déjà, au sein du mouvement et notamment chez ses députés, les voix discordantes se font entendre. Deux élus à l'Assemblée ont quitté la REM, et le mécontentement s'exprime tous les jours, notamment quand il fallu élire le président du groupe. Gilles Le Gendre l'a emporté mais avec une majorité étroite.
Le retour du MoDem
De la même manière, l'allié historique, le MoDem de François Bayrou, n'hésite jamais à critiquer le pouvoir. Réuni le week end dernier, il a demandé à être rassuré sur la poursuite des réformes, mais aussi et surtout sur leur volet social. Le front n'est pas rompu. A la victoire de 2017, a succédé la solitude de 2018 et, pour M. Macron, avoir un allié solide, surtout dans lcette bataille impitoyable que vont être les européennes, représente un atout important. Au demeurant, il n'est pas négatif que le pouvoir reconnaisse au moins une partie de ses erreurs, cherche des soutiens, accepte de partager le fardeau de la réforme. Mais rien n'éliminera la contradiction induite par l'insuffisance de la croissance : après Macron, celui qui croit le plus à la nécessité de la « transformation », c'est Bayrou. Simultanément, il est aussi le premier à savoir que le retour à l'équilibre budgétaire fait partie des réformes et qu'il est impossible quand les recettes sont en baisse, ce qui sera le cas l'année prochaine.
La sagesse centriste risque de s'ajouter à la soudaine prudence macronienne pour produire de l'apathie ou même une forme d'immobilisme. La France est au milieu du gué. Le déficit et la dette augmentent, le pouvoir d'achat est en berne, l'impopularité du président s'accroît. C'est un moment médiocre que l'optimisme affiché du chef de l'Etat ne suffit pas à éclairer. Et pourtant, c'est sur les épaules de ce jeune (et impétueux) président que repose l'espoir d'échapper à la dérive populiste ou extrême droitière. C'est lui qui a écarté ces deux dangers l'année dernière ; c'est encore lui qui doit les écarter aux élections européennes. Il n'a pas démérité quand, avec le soutien de tous ses partenaires européens, il a dicté les conditions de l'Union à la Grande-Bretagne. Il reste fermement l'anti-Trump, le démocrate, le libéral, au sens le meilleur du terme, que combattent et haïssent les nouveaux maîtres de l'Italie et les semi-dictateurs de Pologne ou de Hongrie. On peut se lasser de lui, mais pour faire quoi ?
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