Sur la déradicalisation, le gouvernement joue, il est vrai, une partie facile. Ses décisions relèvent pour la plupart du bon sens : les soixante mesures qu'il a adoptées sont toutes destinées soit à réduire l'insécurité liée à l'islamisme djihadiste soit à donner une chance de changer d'attitude à ceux qui sont séduits par lui. Surveillance accrue pour les écoles qui ne sont pas sous contrat, regroupement et confinement dans des prisons prévues des militants du djihad et du prosélytisme, limogeage des agents publics radicalisés en contact avec les mineurs.
Bien entendu, ce n'est pas parce que les pouvoirs publics ont arrêté un nombre élevé de décisions qu'elles feront passivement reculer le djihadisme en France. On ne le verra qu'à l'expérience, tout en sachant qu'il y a dans le pays des gens qui organisent encore des attentats, comme l'a indiqué la révélation du ministère de l'Intérieur sur deux projets qui ont été décelés et empêchés par nos services de sécurité. La lutte sera longue, mais pourquoi ne pas admettre, en l'occurrence, que le gouvernement a fait quelques bons choix susceptibles de produire des résultats ?
Son traitement du terrorisme doit être mis en parallèle avec son projet pour l'immigration qui, lui, offense tous ceux qui rêvent d'une France généreuse. On oppose, sur le sujet, le Macron candidat et le Macron président. C'est oublier qu'il voit monter l'intolérance partout en Europe. Que l'Italie, qui vote le 4 mars, se donne seulement le choix entre deux populismes. Que l'Allemagne a affreusement souffert du score de l'extrême droite, que partout, en Pologne, en Hongrie et même à l'ouest de l'Europe, les populistes ont le vent en poupe.
Gouvernance permanente
C'est dans la nature des Français de discuter à l'infini des mesures gouvernementales, et les réseaux sociaux maintiennent la pression. Tout ce que font ce président et son Premier ministre n'est pas nécessairement fondé, efficace ou utile. Il demeure que, depuis la création de Vè République, on n'a jamais vu un cahier des charges de réformes aussi varié, aussi abondant et qui ait donné lieu à des effets d'annonce aussi nombreux et incessants. La différence entre l'actuel président et ses prédécesseurs, c'est que Macron gouverne tous les jours de l'année et toutes les années du mandat, comme s'il savait que les réformes ne passeront pas si ceux qui les craignent ont le temps de réagir et de les bloquer.
Par exemple, on a beaucoup discuté des méthodes du pouvoir pour imposer ses « transformations ». On les juge anti-démocratiques. Dans l'ombre, des conseillers soulignent le danger politique d'un marathon réformiste. Des élus de la République en marche ont des états d'âme. Et que fait Edouard Philippe ? Il annonce lundi matin qu'il passera la réforme de la SNCF par ordonnances, celles-là même qui ont été dénoncées par les syndicats lors de l'adoption du nouveau Code du travail. Certes, le Premier ministre y a mis les formes (notamment en annonçant que les petites lignes ferroviaires ne seraient pas supprimées), mais le message est clair : cette République permet au pouvoir d'agir, donc nous agissons. La question de fond en effet ne porte pas sur l'inspiration qui anime le gouvernement. Elle porte sur une évidence que les coupeurs de cheveux en quatre n'ont jamais comprise : tout le monde sait qu'il faut changer le pays, même les syndicats. Mais la réponse du pays s'est toujours inscrite, en fait, dans la procrastination, la multiplication des intérêts catégoriels et des corporatismes, et le rejet des actions qui nous unissent.
En visitant le Salon de l'agriculture, Macron l'a dit à un interlocuteur particuilèrement musclé : on ne peut pas garder le statut de la SNCF, on ne peut pas prévoir une retraite à 52 ans que rien ne finance, on ne peut pas favoriser une profession au détriment de toutes les autres. A courir ainsi, il risque sûrement une glissade. Mais au moins agit-il.
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