« Nous devons protéger les Français sans immobiliser la France au point qu’elle s’effondrerait. C’est une ligne de crête délicate qu’il faut suivre », avait cadré le Premier ministre, le 28 avril, en exposant sa stratégie de déconfinement à l'Assemblée nationale. Le chef du gouvernement avait évoqué le « risque de l'écroulement », un mot fort.
Ce constat d'une menace d'effondrement est partagé par le Collège des économistes de santé (CES), qui prône une stratégie offensive de reprise d'activité. Dans une note synthétique, cette association rassemblant experts, entreprises et centres de recherche en économie de la santé insiste surtout sur les coûts considérables – économiques, sociaux et sanitaires – d'un confinement prolongé.
Récession, chômage de masse et faillites
Sur le strict plan budgétaire d'abord, « la perte d’activité constatée par l’OFCE est déjà très significative et les prévisions à la mi-avril de la banque de France sur l’activité économique et le déficit des administrations publiques sur l’année 2020 sont très préoccupantes : - 8 % pour le PIB et 9 % de déficit budgétaire », s'inquiètent les économistes. Les premières semaines de confinement ont suffi à plonger la France dans la récession, avec une contraction de 5,8 % au premier trimestre, selon une estimation dévoilée jeudi dernier par l'INSEE.
Or, pour le CES, un allongement exagéré de la période de confinement renforcerait la probabilité d’une crise « profonde et durable » à tous les étages. Et de citer « le chômage de masse, les faillites, l’augmentation de la pauvreté » qui « auront un impact rapide sur l’état de santé des populations avec des effets multiplicateurs possibles sur la population actuelle voire sur la génération suivantes. » Les pertes de PIB se traduiront « immanquablement par une diminution des ressources pour le système de santé », redoutent les économistes, et provoqueront à terme « des pertes de chances pour des générations futures de patients. »
Dépistage et droit de retrait
D'où, pour ces experts, la nécessité de privilégier une « reprise générale de l’ensemble des secteurs d’activité ». « Limiter l’ouverture à certains secteurs réduit plus que proportionnellement le bénéfice économique d’une sortie de confinement », alertent les économistes, alors que l'exécutif a choisi un plan par étapes de sortie du confinement, très conditionné à l'amélioration de la situation épidémique. Certes, « une ouverture retardée des secteurs "propagateurs" (restauration, spectacle) et la limitation des transports inter-régionaux peut être envisagée jusqu’à l’été, concède le collège des économistes. Mais repousser après l’été l’ouverture de ces secteurs aurait des répercussions économiques majeures. »
Pour le CES, la priorité doit être de « protéger les populations à risque de développer une forme grave de la maladie », y compris en différenciant explicitement la communication en fonction du risque individuel. « Marteler les règles de distanciation sociale et de réduction maximale des contacts pour les plus âgées et ceux qui les côtoient n’est pas plus discriminatoire que les campagnes habituelles de vaccination contre la grippe », fait valoir la note.
Dans les entreprises, un « droit de retrait » doit être organisé pour les salariés souffrant de comorbidités à risque et devant se rendre sur leur lieu de travail. « La définition des risques opposables doit être débattue très rapidement », plaide le CES. Il recommande au passage le dépistage « très régulier sur le lieu de travail » des personnes en contacts fréquents avec du public mais aussi le dépistage des personnes symptomatiques et des contacts (avec isolement des cas). Quant à l’ouverture des écoles et collèges, elle doit être « prioritairement organisée pour faciliter le retour en emploi des parents »...
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