L'histoire commence en 2009. La grippe H1N1 menace et l'administration décide de retirer aux médecins libéraux l'organisation de la campagne avec le succès que l'on sait. Les "vaccinodromes" restés célèbres vaccineront deux fois moins de patients que les libéraux dans une campagne normale mais surtout, la confiance des Français dans la vaccination sera largement et durablement entamée.
Le soupçon de collusion entre le gouvernement et l'industrie à laquelle le gouvernement n'avait pas hésité à payer 50 % plus cher les fameuses doses et le lobbying anti vaccins alimenté par l'utilisation d'adjuvants dont l'innocuité était loin d'être évidente fera le reste.
La conséquence immédiate a été une méfiance grandissante de la population à l'égard du vaccin, ce qui n'a pas manqué d'inquiéter l'administration qui loin de balayer devant sa porte a estimé que les médecins pas assez motivés étaient responsables et qu'il était urgent de permettre aux infirmières de vacciner pour augmenter les capacités vaccinales. L'arrière-pensée étant que les vaccinations contre la grippe pouvaient générer des consultations supplémentaires alors que, tous les généralistes le confirment : les personnes à risque se font vacciner lors de leur consultation habituelle et ne génèrent pas de dépenses supplémentaires contrairement à la vaccination par l'infirmière qui à un coût (modeste, certes, mais un coût).
Après les infirmières et les sages-femmes…
L’extension de la vaccination aux infirmières a-t-elle amélioré la couverture vaccinale ? Que nenni ! Celle-ci a continué de décroître, mais il en faudrait plus pour freiner notre incomparable administration, qui occupe -rappelons-le- six des sept étages de notre ministère de la Santé.
Les infirmières ne suffisant pas et la population ayant de la mémoire et était toujours aussi méfiante, il a donc été décidé de l'étendre aux sages-femmes sans plus de résultat
Et c'est là qu'intervient le pharmacien qui, nous dit-on, est en contact direct avec le patient à risques… Il faut souligner ici que les syndicats de pharmaciens font preuve de beaucoup d'imagination pour tenter de diversifier la rémunération. Ils avaient commencé par la fameuse surveillance des anti-vitamines K ce qui n'avait pas manqué d'irriter fortement les médecins qui l'assuraient depuis toujours en collaboration avec les infirmières et laboratoires sans aucune rémunération.
Il convient de dire que cette tentative a fait un flop. Cela n'a pas découragé les syndicats qui ont obtenu cette fois une rémunération pour l'observance médicamenteuse pour les personnes dépendantes ce qui revient en fait à former l'auxiliaire de vie qui vient chercher les médicaments à l'officine… Saluons ici l'énergie dépensée par les syndicats de pharmaciens, mais aussi émettons au passage un doute sur l'efficacité de cette rémunération.
Mais revenons à notre administration qui, quand elle a une idée, fut-elle fausse, y tient et décide d'étendre la vaccination aux pharmaciens. On nous dit qu'il y aurait eu quelques dizaines de milliers de vaccinations effectuées ainsi, alors que 12 millions de vaccinations seraient effectuées chaque année. Des pharmaciens se sont donc formés à la vaccination pourquoi pas ? Cela peut instaurer une nouvelle relation avec leurs patients.
Laissez-nous travailler en paix
Mais au-delà de cela et des tentatives des syndicats de pharmaciens de diversifier leur rémunération pour maintenir désespérément en place des officines qui ferment, il serait temps que le gouvernement prenne conscience de la sécurité sanitaire que représentent les officines qui maillent le territoire et qui connaissent majoritairement les patients qui passent dans leurs pharmacies.
Que les syndicats fassent rémunérer les pharmaciens pour le métier qu'ils ont appris, qu'ils obtiennent une rémunération significative du genre "forfait pharmacien correspondant" pour maintenir un maillage territorial et maintenir une sécurité sanitaire. Le pharmacien est le mieux placé avec son dossier pharmaceutique pour prévenir les interactions médicamenteuses dans un parcours de soins chaotique : c'est son rôle et il doit être valorisé. Quant à l'amélioration de la couverture vaccinale, elle reviendra si l'administration nous laisse travailler en paix.
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