Né avec la pandémie, « le Conseil scientifique a été mis en place en mars 2020 avec l’objectif de conseiller le président de la République et le gouvernement sur le plan scientifique et sanitaire » rappelle le Pr Yazdan Yazdanpanah, membre de ce cercle de scientifiques depuis sa création en mars 2020. Au moment de l'instauration de ce Conseil, la première vague de Covid-19 vient de toucher la France, les connaissances sur ce nouveau virus sont encore limitées et la situation sanitaire évolue en permanence…
D’où la nécessité de réunir des experts en santé publique pour répondre à l’urgence de la situation, quitte à empiéter un peu sur les compétences d’autres institutions déjà en place comme le HCSP (Haut conseil de la santé publique) ou Santé publique France. « Dès le départ, Jean-François Delfraissy a associé ces deux institutions, en plus de la HAS, afin qu’il y ait une articulation avec le Conseil scientifique » tempère le Pr Yazdanpanah. L’objectif affiché est de s’appuyer sur l’expertise et les compétences des administrations, des scientifiques et des sociétés savantes afin d’apporter un éclairage scientifique de manière réactive, libre et indépendante sur des questions liées à la gestion de la pandémie.
Plus de 280 réunions du Conseil ont eu lieu depuis mars 2020, à un rythme plus ou moins soutenu, selon l'avancée ou le recul de l'épidémie. « Certains moments, on pouvait se réunir trois à quatre fois par semaine et d’autres moments, une fois par semaine » se rappelle le Pr Yazdanpanah. Ces entretiens sont l’occasion de passer en revue les éléments les plus récents de la littérature scientifique et de se tenir informé des dernières connaissances sur le virus à travers « des remontées de terrains dans nos disciplines respectives, des modélisations de données ou des discussions avec des scientifiques français et étrangers, en particulier européens, afin de saisir les évolutions, les anticiper » et de rendre des avis éclairés aux autorités.
Composition
Réunissant tout d’abord un noyau de 11 experts, le Conseil scientifique en compte aujourd’hui 17. Sa composition reflète cette volonté de répondre à une situation d’urgence de manière pluridisciplinaire. « La crise perdurant, il nous a semblé, assez rapidement important d’inclure des spécialités qui n’étaient à l’origine pas représentées pour élargir les compétences », confirme le Pr Yazdanpanah. Ainsi, des médecins oncologue, généraliste ou encore épidémiologiste y côtoient une anthropologue, un sociologue ou encore un vétérinaire.
Financement
Chacun des membres du Conseil scientifique exerce cette activité de manière bénévole en plus de leur profession d’origine, ce qui ne nécessite aucun frais de fonctionnement. Une assistante stagiaire de Science Po assure le fonctionnement du groupe. Chaque membre a fait une déclaration publique d'intérêts.
Prises de position
Elles ont été nombreuses. Mesures de confinement, maintien des élections ou encore mise en place du passe sanitaire font partie des multiples sujets sur lesquels le Conseil s’est exprimé à travers les 69 avis et notes adressés aux autorités, à la demande de celles-ci ou de sa propre initiative. Ainsi, en mars 2020, le Conseil s’est exprimé à trois reprises pour évoquer le maintien ou non des élections municipales. Ayant rappelé dans son avis qu’il « n’a pas vocation à se substituer aux avis et décisions des institutions publiques », le Conseil a tenu à préciser que le maintien des élections devait se faire dans des « conditions d’hygiène renforcées » et a laissé le choix au monde politique.
De la même manière, les membres du Conseil ont été amenées à préconiser des mesures de confinement, de fermeture de lieux publics afin de freiner la propagation du virus. Plus récemment encore, ils ont marqué une grande prudence vis-à-vis de la 5e vague liée au variant Omicron « différente des autres et pas terminée » alors que le Gouvernement a décidé d’alléger les mesures de restriction à partir du 2 février.
Les avis de ce groupe d'experts ont souvent précédé les décisions des conseils de défense. Mais, quelle que soit la situation, « le Conseil ne couvre que la partie scientifique » soutient le Pr Yazdanpanah. De fait, il cherche plutôt à éclairer les décisions sur la base des données disponibles, en laissant au politique le soin de prendre en compte d'autres éléments sociaux ou économiques, avant de prendre les mesures nécessaires. Ce qui explique les écarts, - « assez rares » selon l'infectiologue de l'hôpital Bichat — parfois constatés entre les avis du Conseil et les décisions gouvernementales.
De l'avis général, cette structure s’est révélée efficace en temps de crise. Elle a apporté « plus de fluidité dans les discussions et plus de rapidité dans la prise de décision, selon le Pr Yazdanpanah. Logiquement, elle est appelée à cesser ses activités à la fin de la pandémie. « C’est une expérience intéressante. Il faut voir comment la faire évoluer autour d’un noyau d’experts et des éléments apportant leur expertise selon la situation ».
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