Les députés ont voté la semaine dernière un amendement du gouvernement en première lecture du projet de loi sur la liberté du choix de son avenir professionnel qui inquiète les directeurs d'hôpital. Le texte doit poursuivre sa navette parlementaire au Sénat.
Cet amendement « vise à élargir les viviers de recrutement sur les emplois de direction des établissements de la fonction publique hospitalière », en ouvrant le recours aux agents contractuels. Selon l'exposé des motifs, 650 emplois fonctionnels de direction au total sont concernés. Le texte a pour ambition « d’adapter les recrutements aux besoins, d’assouplir les contraintes qui pèsent sur les employeurs publics dans leurs choix de recrutement et de favoriser les mobilités entre secteurs public et privé », a précisé le conseil des ministres.
Sauf que les directeurs ne l'entendent pas de cette oreille… Le Syndicat des managers publics de santé (SMPS) dénonce une « absence totale de concertation » et le SYNCASS-CFDT un « mépris » du dialogue social de la part du gouvernement, qui aurait préféré avancer ses pions sans attendre la concertation autour du projet de loi sur la fonction publique, prévu en 2019.
Les deux syndicats récusent le chiffre de 650 emplois impactés par le recrutement contractuel. Sans garde-fous, c'est bien l'ensemble des emplois des personnels de direction, adjoints ou chefs, qui sont concernés, craignent les managers. « Une clarification du gouvernement est indispensable », tonne le SMPS.
Le Centre national de gestion (CNG) dénombre dans la fonction publique hospitalière quelque 3 000 directeurs d'hôpital, 1 800 directeurs d'établissement sanitaire, social et médico-social (D3S) et 800 directeurs des soins en fonction.
Immixtion
Sans être hostile au recrutement encadré de contractuels dans les corps de direction (déjà possible depuis la loi Bachelot pour les emplois de chefs d'établissement), le SMPS regrette que le gouvernement prenne le problème à l'envers. « À l'hôpital, le manque d'attractivité des carrières qui existe déjà pour les médecins va très bientôt se reproduire pour les directeurs, met en garde Jérémie Sécher, président du SMPS. Or, on ne conservera pas les managers, déjà tentés par le privé, en favorisation le recours aux contractuels. Ce n'est pas la priorité. »
« Il ne s'agit pas de défendre un pré carré, mais une fonction de direction et une indépendance professionnelle qu'un recrutement discrétionnaire ne permet pas », tranche de son côté le SYNCASS-CFDT, qui pointe le « risque majeur d'immixtion du pouvoir exécutif dans les carrières ».
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