Bachelot par ci, Roselyne par là… Depuis le début de la crise, c’est l’heure de la revanche pour l’ancienne ministre de la Santé de Nicolas Sarkozy, exfiltrée un peu en catastrophe fin 2010. Elle était alors critiquée pour sa gestion trop précipitée et prudente de la crise H1N1, éreintée aussi par des mois de discussions autour de la réforme HPST qui devait aliéner à la pharmacienne les médecins libéraux et les praticiens hospitaliers à la fois.
10 ans plus tard, cette réhabilitation vient à point nommé, comme s’il fallait reconnaître qu’après tout, la ministre de l’époque n’avait finalement été coupable que d’avoir eu raison trop tôt. Ses thuriféraires – il en reste – louent donc sa clairvoyance. Et observent que, sans les agences régionales de santé qu’elle a créées, la France aurait été bien démunie pour mener la riposte contre le Covid-19. C’est en partie exact, tant il est vrai que cette capacité à mettre en musique acteurs hospitaliers, médecins libéraux et secteur médico-social, et à conjuguer d’une même main cliniciens et experts de santé publique, a sûrement été un gage d’efficacité dans la gestion de cette pandémie.
D’un autre côté, les médecins ont été nombreux à critiquer des ARS qui n'avaient pas besoin de ça. À celles qui étaient déjà perçues comme le bras armé du régulateur, on a reproché ces dernières semaines lourdeur, bureaucratie et inertie, autant de symptômes d'un jacobinisme sanitaire dont la France peine à se défaire. Passée la crise, viendra l’heure des comptes. Et de la même façon que les grandes agences de santé publiques ont pris corps au plan national et se sont transformées « grâce à » des crises comme l’hormone de croissance, le sang contaminé, l’ESB ou le Mediator, il faudra peut-être, à l’aune du Covid-19, s’interroger sur le devenir des ARS. Et pourquoi pas – rêvons ! -– imaginer des organismes moins technos, plus près du terrain et plus ouverts aux élus locaux ?
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