« La situation est de plus en plus tendue », a alerté, ce vendredi, le Pr Bruno Riou, directeur médical de crise de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Le PU-PH évoque une « épidémie mal contrôlée » avec notamment la présence de 18 % de variant anglais parmi les cas dépistés en Île-de-France. « C'était attendu mais c'est une très mauvaise nouvelle », a-t-il déploré.
Dix jours seulement après leur appel à reconfiner resté sans réponse jusqu'alors, l'état-major de l'AP-HP sonne de nouveau l'alarme sur la « situation inquiétante » que connaissent les services de réanimation du plus grand CHU de France.
« Les difficultés vont arriver dans les semaines qui viennent, prévient le Pr Bruno Riou, car la situation dans les réas dans 15 jours est écrite par les contaminations d'aujourd'hui. » Très pessimiste, le responsable réitère son appel à reconfiner, décision qui lui semble inéluctable mais qu'il craint « trop tardive ». « Mon rôle est de mobiliser mais aujourd'hui je n'ai qu'un discours Churchillien à proposer : du sang et des larmes », a-t-il déclaré.
Les réas pleines à 63 %
Dans les réanimations franciliennes, aucune baisse d'admissions des patients Covid n'a été constatée « depuis la fin décembre ». À ce jour, 700 malades sont pris en charge dans les services de réanimation de l'AP-HP, soit près de deux tiers (63 %) des capacités totales. En comparaison, au pic de la deuxième vague le 12 novembre 2020, ce chiffre atteignait 1 133 patients. À l’inverse, le creux de la deuxième vague a été constaté le 24 décembre avec 500 lits occupés − contre 200 au creux entre la première et la deuxième vague. En parallèle, l'activité hors Covid reste très élevée. Mis à part aux urgences, celle-ci est même « quasi-normale par rapport à la situation de l'an dernier », précise François Crémieux, directeur général adjoint.
Preuve des tensions hospitalières qui s'exercent aujourd'hui, l'AP-HP a repris en fin de semaine dernière les déprogrammations d'opérations. « Nous sommes à un taux inférieur à 10 ou 15 % », se veut toutefois rassurant Martin Hirsch, directeur général, qui parle plutôt d'un « ajustement ». Le CHU francilien a également reçu ces derniers jours des patients en provenance d'autres régions. « Mais cela ne sera sans doute plus possible dans les prochaines semaines », prévient le Pr Bruno Riou.
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