Facture salée à la pompe. Depuis plusieurs semaines, le prix des carburants évolue de façon vertigineuse avec un pic constaté mi-octobre (en moyenne 1,53 euro le litre de gazole, soit 25 centimes de plus qu'en novembre 2017). Une hausse qui n'épargne pas les professionnels de santé.
À commencer par les médecins libéraux, notamment généralistes. « En plus des visites à domicile, cela a un impact dans des départements où les zones de permanence des soins sont étendues », souligne le Dr Philippe Vermesch, président du SML. « Les médecins de garde en zone rurale qui doivent se déplacer à 50 km voient la différence, c'est sûr ! », complète le Dr Jean-Paul Hamon, à la tête de la FMF.
Chez SOS médecins, les praticiens peuvent effectuer jusqu'à 40 000 km par an. « Nous sommes toujours un peu impactés par les hausses des prix de l'essence, mais cela fait 15 ans que cela augmente », relativise le Dr Pierre-Henry Juan, président de la structure. À noter que les urgentistes libéraux de SOS roulent beaucoup avec des véhicules hybrides, ce qui limite les frais.
Les professionnels paramédicaux sont particulièrement touchés par cette flambée des prix du carburant. « J'ai eu beaucoup de retours sur les réseaux sociaux de kinés et surtout d'infirmières. Ajouté à leurs autres charges, cela pèse lourd », assure le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-Syndicat.
Au Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (SNIIL), les remontées du terrain vont toutes en ce sens. « Certains infirmiers roulent jusqu'à 350 km par jour ! Avec une indemnité kilométrique à 0,35 euro en plaine et une indemnité forfaitaire de 2,50 euros, cela ne couvre absolument pas la hausse actuelle », regrette Catherine Kirnidis, à la tête du syndicat.
Révision des IK
Outre des mesures fiscales de compensation, la principale demande des syndicats de libéraux de santé est la revalorisation des indemnités kilométriques (IK). « Cette actualité est une bonne occasion de rappeler que nos indemnités kilométriques sont les mêmes depuis plus de 15 ans (0,61 euro en plaine en métropole) », glisse le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. « Nos frais augmentent sans cesse, mais les IK restent les mêmes ! Cela n'incite pas les généralistes à se déplacer à domicile », abonde le Dr Luc Duquesnel, leader des Généralistes-CSMF.
Les transporteurs sanitaires sont également très touchés dès que les tarifs à la pompe augmentent. « Depuis 2016, le carburant a augmenté de 30 %. Cela représente 1,58 % de hausse de nos charges d'exploitation », calcule Thierry Schifano, qui préside la Fédération nationale des transporteurs sanitaires (FNTS). Il demande que les transporteurs, qui roulent plusieurs dizaines de milliers de km par an, soient accompagnés financièrement dans la transformation énergétique. « Nous voulons aussi bénéficier de l'indexation carburant comme d'autres transporteurs, notamment routiers, qui peuvent répercuter à la hausse ou à la baisse l’évolution du prix du carburant en "pied de facture" », explique Thierry Schifano.
Selon lui, de nombreux transporteurs sanitaires seront présents parmi les blocages prévus dans toute la France par les « gilets jaunes » samedi 17 novembre, même si la FNTS n'a pas appelé à manifester. Des libéraux de santé pourraient aussi rejoindre le mouvement même si les syndicats n'ont donné aucun mot d'ordre. « Des médecins ou infirmiers y seront peut-être, mais au titre de simples citoyens », résume le Dr Jérôme Marty.
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