SOUS LE CHAPITEAU dressé sur la pelouse de l’école HEC, un parterre de chefs d’entreprises prend des notes, à l’affût de conseils avant d’investir le marché chinois. À la tribune, les P-DG de grosses sociétés ayant ouvert la voie en Chine livrent leurs expériences. Des poids lourds industriels européens comme Total ou Fiat sont là. Danone n’est pas représenté : ses mésaventures en Chine ne seront pas évoquées.
Chacun y va de sa petite anecdote. « Le marché chinois est ouvert, mais c’est le plus difficile. Il faut être innovant, et offrir la meilleure qualité au meilleur coût. C’est l’endroit où tester sa compétitivité mondiale. Le combat est féroce! », lance Jean-Pascal Tricoire, président du directoire de Schneider Electric. Avis aux amateurs. Certaines questions s’avèrent bien embarrassantes. Quid, par exemple, des copies ? « Le protection intellectuelle est un sujet sur lequel on peut progresser », contourne Jean-Pascal Tricoire. Qui reconnaît en avoir « beaucoup souffert » par le passé.
Le 1er septembre dernier, le tapis rouge n’avait pas encore été déroulé sous les pieds du président Hu Jintao à Paris. Les patrons se sont néanmoins lancés dans une opération séduction en bonne et due forme. Suez-Environnement, un milliard d’euros de chiffre d’affaires en Chine, affiche un solide appétit : « Notre ambition est d’y devenir un grand acteur », déclare ainsi le directeur général exécutif du groupe, Jean-Louis Chaussade. Christophe de Margerie, P-DG de Total, admet que la Chine pollue deux fois plus que les États-Unis, mais c’est « un défaut de la jeunesse », relativise-t-il. Lui aussi a un message essentiel à délivrer : « Nous espérons que Total va devenir le partenaire de référence de la Chine à l’étranger. »
Cent vingt millions de dollars sont échangés chaque jour entre la France et la Chine. L’an passé, 200 nouvelles entreprises françaises se sont implantées en Chine. Des secteurs nouveaux se développent, comme la recherche et développement. Faut-il aussi investir dans la santé en Chine ? La question n’a pas été évoquée ce jour-là. Mais la réussite chinoise dans le champ éducatif peut porter à l’optimisme : « Le taux d’illettrisme est passé de 33 % à 6 % en 30 ans, observe Dominique Senequier, présidente du directoire d’Axa Private Equity. Vingt-trois universités chinoises figurent au top 500 mondial. Le taux d’universitaires dans la population est de 6,7 %, contre moins de 1 % il y a 20 ans. »
Quel que soit le secteur, surtout, ne pas se rendre en Chine la fleur au fusil. « Il faut savoir lire la Chine, son discours en creux, et pas seulement sa façade, met en garde François Jullien, philosophe et sinologue. Il faut aller en Chine avec l’idée d’y rester dans la durée. Espérer le succès immédiat, ce serait la déroute ! ».
Le mot de la fin revient à l’ambassadeur de Chine à Paris. « Je souhaite bonne chance à ceux qui iront sur le marché chinois, sourit Kong Quan. La Chine restera la Chine. Elle va là où ses intérêts la mènent. On est conscient que sans une réforme politique, on ne pourra pas éternellement mener une réforme économique. Mais n’oubliez pas que 400 millions d’internautes surveillent chaque jour les actions du gouvernement. » Autodérision, provocation ? Le public hésite, entre sourire timide et rire franc.
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