Souvenez-vous ! En plein congrès de l’Ordre, en octobre 2017, Agnès Buzyn relançait l'épineux chantier de la recertification des compétences des médecins.
Pragmatique, le comité de pilotage de la réforme propose que la future procédure ne concerne que les médecins diplômés au terme du troisième cycle rénové des études médicales. Ainsi, la première promotion touchée serait celle des diplômés de 2021… Les praticiens en exercice pourraient s’inscrire dans le processus sur le mode du volontariat.
En attendant d'y voir plus clair, les médecins libéraux se montrent réticents comme le montre l’enquête en ligne du « Généraliste », présentée au Congrès de la médecine générale. Sur les 664 généralistes ayant répondu, 53 % sont opposés à la recertification, 52 % la redoutent et 39 % la vivent comme une contrainte administrative. Pire, un quart d’entre eux y voient une remise en cause de leur compétence ou de leur diplôme. Pour 18 % des sondés seulement, il s'agit d'un outil de formation continue ou d'une évolution nécessaire.
Au cas où cette obligation devait voir le jour, ils sont majoritaires (56 %) à souhaiter une périodicité la plus large possible (de 7 à 10 ans), alors que l’Ordre a proposé six ans. Hors de question enfin de mettre la main à la poche : 79 % des répondants souhaitent ne rien payer et 72 % estiment que ce financement doit revenir… à l’État.
À la carte
Le Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège de la médecine générale et membre de la commission Uzan, comprend ces inquiétudes mais défend une démarche doublement nécessaire. « La recertification est un certificat d’aptitude à la pratique qui protège le médecin et le patient qui le choisira demain », dit-il. « Au sein de la commission, deux choses sont claires. Il faut un dispositif simple et rapide. L’objectif n’est pas de créer une usine à gaz ».
Le président du Collège précise que ce travail n’est pas du domaine de l’Université et plaide pour un dispositif valorisant, non sanctionnant et adapté à l'exercice, donc souple. Nul besoin de cocher toutes les cases ! Autoévaluation, groupe de pairs… les outils existent. « Les compétences se construisent en situation. En tout cas c’est à la profession de l’organiser », lâche-t-il. Qui doit être aux manettes ? Le Pr Robert Nicodème (CNOM) dissipe les malentendus. « L’Ordre n’a jamais voulu être le pilote du futur dispositif. Ce rôle revient aux conseils nationaux professionnels (CNP) », affirme-t-il. Quid du financement ? Pour le Pr Druais, les médecins ont raison de réclamer un budget de l’État. Il dénonce au passage le non-respect du contrat conventionnel sur le financement de la formation continue. Du grain à moudre pour les syndicats...
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