L’imagerie médicale est trop souvent regardée par les tutelles au travers du seul prisme financier. Ce regard ne porte que sur les dépenses et les revenus des médecins et non sur les économies réalisées. Cette vision est d’autant plus restrictive qu’elle fait l’impasse sur le rôle pivot de l’imagerie dans le parcours de soins des patients.
Du point de vue des dépenses, l’imagerie médicale pèse lourd. Elle représente, pour les seuls actes ambulatoires, près de 3 milliards d’euros. Dans ce montant, les actes d’échographie s’élèvent à 1,3 milliard, dont les médecins radiologues ne réalisent que la moitié. Ils sont les seuls qui ne sont pas autoprescripteurs. Jugeant ces dépenses excessives, les tutelles ont multiplié depuis 7 ans les mesures d’économies sur la spécialité, soit 900 millions !
60 000 emplois
Au-delà des dépenses qu’elle engendre, l’imagerie médicale est un atout pour l’économie nationale. Elle génère de nombreux emplois, environ 30 000 dans le secteur libéral, et autant dans son environnement industriel. Elle contribue à l’essor de l’industrie de la santé par les achats en équipements, matériels divers, produits ou services pour un montant de 1 milliard d’euros. Elle participe au développement de la recherche et de l’innovation, sources d’emplois, d’exportations, de devises.
L’imagerie médicale est aussi une source d’économies directes et immédiates pour les dépenses de santé. Elle permet de prendre en charge plus rapidement les patients, de mieux les orienter dans leur parcours, ce qui est un premier facteur d’économies. Un exemple est l’examen d’échographie, qui permet de décider ou non d’une appendicectomie. Depuis le recours systématique à l’échographie à partir des années 1980-1990, 150 millions sont ainsi économisés chaque année.
Elle participe aussi à la réduction des dépenses de santé avec la radiologie interventionnelle, qui se substitue à des actes de chirurgie beaucoup plus onéreux. Par exemple, la biopsie mammaire a un coût de 511 € contre 1 353 € pour la biopsie chirurgicale.
Des revenus inférieurs aux voisins
Les médecins radiologues libéraux font l’objet d’attaques régulières sur leurs revenus. Ce reproche est alimenté par certaines publications qui comportent de nombreux biais, par exemple, en confondant recettes et revenus sans tenir compte des charges. Notons que les revenus des médecins radiologues libéraux ont baissé ces dernières années et ont nettement reculé dans la hiérarchie des revenus des médecins.
La fédération nationale des médecins radiologues (FNMR) a voulu comparer, avec une étude de Frédéric Bizard, la situation de la spécialité avec d’autres pays européens. Sur les revenus, le constat est sans appel : les radiologues allemands gagnent 280 000 € par an, les Suisses 370 000 € et les Français 124 000 € selon la CARMF.
L’étude rappelle aussi les écarts importants en matière d’imagerie en coupe. Par exemple, la France dispose de 12 IRM par million d’habitants contre 30 en Allemagne. Autre différence, à l’avantage de la France : Outre-Rhin, la logique du profit conduit à suspendre les rendez-vous en fin d’année si les équipements d’imagerie en coupe ne sont plus rentables. Fort heureusement, la France n’en est pas là : les médecins radiologues restent des médecins et assument leur responsabilité vis-à-vis de leurs patients. Mais prenons garde à ne pas mettre l’imagerie en situation de danger.
Le parc d’équipements lourds est très en dessous de celui de nos voisins, particulièrement pour les IRM dont les délais de rendez-vous restent trop élevés pour répondre aux besoins et en particulier au plan cancer 3. La situation des scanners, qui est moins aiguë, risque cependant de se détériorer très rapidement en raison des baisses tarifaires qui mettent de plus en plus de centres en déficit.
Les médecins radiologues français, libéraux et hospitaliers, sont pleinement engagés au service de leurs patients. Ensemble ils développent une démarche qualité qui repose sur une longue pratique formalisée avec le référentiel Labelix. La FNMR, avec le Conseil professionnel de la radiologie (G4), propose aux tutelles de développer cette démarche, d’assurer un niveau toujours accru de qualité et de pertinence des actes.
Encore faut-il que les conditions économiques permettent l’équilibre nécessaire dont les cabinets et les services ont besoin. Après les 900 millions d’économies imposées depuis 7 ans à la spécialité, il faut maintenant stabiliser les tarifs et revaloriser certains actes, notamment la radiologie interventionnelle.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes