L’InVS veut enrayer la chute de la couverture vaccinale contre la grippe

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Publié le 13/10/2015

Crédit photo : Phanie

C’est ce mardi 13 octobre que commence officiellement la campagne de vaccination 2015-2016 contre la grippe, lancée par l’Institut de veille sanitaire (InVS), l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), la Caisse nationale de l’Assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Et les instances sanitaires espèrent enrayer cette année la chute de la couverture vaccinale.

Selon les données de l’InVS, l’épidémie de grippe 2014-2015 a causé près de 2,9 millions de consultations pour syndrome grippal et plus de 3 000 hospitalisations, dont la moitié est survenue chez des seniors. La France a connu 18 300 décès supplémentaires toutes causes sur cette période, dont 90 % des personnes âgées. Le coût de l’épidémie de grippe 2014-2015 a été de 180 millions d’euros.

Moins de 50 % des seniors vaccinés

Le virus de type A (H3N2) fut la principale souche circulante et est responsable de formes graves chez les sujets à risque. Par ailleurs, cette variante du virus A n’était pas couverte par le vaccin grippal. Mais cette relative inefficacité du vaccin n’explique pas à elle seule l’augmentation des hospitalisations. La baisse de la couverture vaccinale est également en cause puisque la majorité des 1 597 patient admis en réanimation pour une grippe sévère n’étaient pas vaccinés. « Dans 35 % des cas, on ne connaissait pas le statut vaccinal, explique Isabelle Bonmarin, du département des maladies infectieuses de l’InVS, et auteur d’une étude sur l’impact de la vaccination contre la grippe parue aujourd’hui dans le BEH dans 50 % des cas, le patient n’était pas vacciné, et dans seulement 15 % des cas, il l’était. »

Ainsi, 2014 fut la première année où moins de la moitié des plus de 65 ans ont été vaccinés, selon les données obtenues grâce aux dispositifs de rémunération sur objectif des médecins de premier recours. Environ 46 % des assurés se sont fait vacciner l’hiver dernier, soit une baisse de 2,8 points par rapport à 2013 et de 13 % depuis 2008.

Les professionnels de santé ne sont pas en reste, puisque seulement 30 % des professionnels de santé sont vaccinés contre la grippe, à en croire le Pr Benoît Vallet, directeur général de la santé. « Les médecins généralistes sont les mieux couverts : un sondage BVA indique que 72 % d’entre eux sont vaccinés », détaille-t-il.

Éviter l’hospitalisation par la vaccination

Selon les données des centres de référence nationaux, le vaccin grippal 2015-2016 est actuellement proche, sur le plan antigénique, des souches circulantes.

Pour enrayer la chute de la couverture vaccinale, une campagne télévisée va être lancée cette année, pour un coût d’1,5 million compris dans les 45 millions prévus pour la campagne de vaccination. Des bons de prescription seront envoyés de façon systématique aux personnes de plus de 65 ans, à celles atteintes de maladies chroniques, et aux professionnels de santé libéraux. Les agences régionales de santé vont procéder à des déclinaisons locales, tandis que la Direction générale de la cohésion sociale (DRCS) doit procéder à une campagne de sensibilisation auprès des personnels travaillant en Ephad.

Le message clé est : « Pour éviter l’hospitalisation, passez à la vaccination ». Ce message est inspiré par les estimations publiées dans le « BEH » par Isabelle Bonmarin et ses collègues Emmanuel Belchior et Daniel Levy-Bruhl de l’InVS : « Nous avons estimé à environ 2 500 le nombre de décès évités chaque année grâce à la vaccination lors des épidémies de grippe saisonnière entre novembre 2000 et avril 2009 », explique-t-elle. Partant de l’hypothèse qu’il faut procéder à 1 400 vaccinations chez les 65-79 ans pour éviter un décès, elle estime que 500 décès auraient été évités si la couverture vaccinale 2014-2015 s’était maintenue aux valeurs moyennes observées entre 2000 et 2008.


Source : lequotidiendumedecin.fr