Dès lundi, le chef de l'Etat a adressé un message à la chancelière Angela Merkel pour lui faire savoir qu'il était prêt à coopérer avec elle comme par le passé. La stabilité de notre voisin lui est en effet indispensable. Mardi, il présentait à la Sorbonne son plan de réforme des institutions européennes sans attendre que la France soit parvenue à réduire sa dette et ses déficits, comme l'exigeait Mme Merkel. Elle connaît néanmoins le projet de budget français, qui réduit les dépenses de 16 milliards et dont le déficit sera ramené, si tout va bien, à 2,9 % du PIB pour 2018. L'engagement pris par M. Macron et par son Premier ministre est donc présenté par la France comme la preuve qu'elle va revenir, l'an prochain et les années suivantes, aux grands équilibres financiers.
Edouard Philippe a présenté mardi un plan de relance de l'économie française de 57 milliards sur cinq ans. Ce plan, établi par l'économiste Jean Pisani-Ferry, un des collaborateurs les plus influents du gouvernement, va consacrer 20 milliards à la transition écologique, 15 milliards à la formation d'un million de chômeurs peu qualifiés et à la formation d'un million de jeunes « décrocheurs », avec pour objectif la baisse d'un point du taux de chômage, « ce qui est ambitieux », affirme M. Pisani-Ferry. Treize milliards seront affectés à l'innovation et la compétitivité, dont cinq à l'agriculture et 9 milliards seront dépensés pour la transformation numérique de l'action publique. Le gouvernement utilisera 12 milliards de crédits existants et 45 milliards de nouveaux financements. Seulement 24 milliards pèseront sur le budget de l'Etat.
Nouvelles hausse d'impôts, nouvelles dépenses
Le gouvernement veut démontrer qu'il s'occupe aussi de l'emploi et de la lutte contre les inégalités au moment où il est contesté à droite et à gauche. Ses annonces de hausses d'impôt (la taxe sur le diesel et l'essence va augmenter) alternent avec des projets de dépenses destinées aux moins privilégiés des Français. Conscient que les grèves et les blocages de dépôts de carburant risquent de paralyser le pays, le gouvernement a proposé aux routiers et au patronat une réunion qui aura lieu aujourd'hui au ministère des Transports. La ministre, Elisabeth Borne, estime que les routiers ne sont pas concernés par les ordonnances qui n'affectent ni leur rémunération ni leur temps de travail, mais elle reconnaît en revanche qu'il y a des mesures à prendre contre « le dumping social et la concurrence déloyale ». Pourra-t-elle désamorcer le conflit en changeant de sujet ? En tout cas, elle s'y efforce.
De toute évidence, M. Macron n'entend pas se laisser intimider par les manifestations, grèves et dérapages oratoires et fait à peu près tout ce qu'il peut pour reprendre la main. Le trouble dans lequel l'Allemagne est plongée par le résultat des élections et par l'irruption de l'extrême droite dans le Bundestag, ce qui ne s'est jamais produit en République fédérale allemande, est de nature à renforcer la position de la France en Europe, où Emmanuel Macron est considéré comme l'homme qui a empêché l'élection de Marine Le Pen à la présidence et celui qui va enfin engager des réformes économiques et sociales. Il lui est plus facile de briller à l'étranger qu'en France, où la contestation est extrêmement vivace. Il n'empêche qu'il tient tête quand les affaires marchent moins bien et qu'il n'est jamais à court d'une effet d'annonce qui prend le public (et l'opposition) par surprise.
Si, par contraste, l'Allemagne paraît relativement affaiblie par rapport à la France, il demeure que le président français a besoin de la chancelière pour faire avancer sa réforme de l'Europe. La France, à elle seule, ne peut pas convaincre les 27 pays membres de l'Union. Il va falloir que Mme Merkel parvienne à dévider l'écheveau dans lequel l'ont placée les élections et qu'elle trouve une solution pour la formation d'un gouvernement, de façon à lancer avec M. Macron les changements dont l'UE a besoin.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes