Il existe des livres dont le sous-titre est plus important que le titre. C’est le cas du pavé codirigé par le Pr André Grimaldi, Yvanie Caillé, Frédéric Pierru et Didier Tabuteau, qui vient de paraître : dans « Les Maladies chroniques – Vers la troisième médecine », les auteurs ne se bornent pas à analyser la chronicité, ils appellent à mesurer les changements drastiques qu’elle implique pour l’organisation et le financement des soins.
Les auteurs jugent que le système de soins, jusque-là bâti autour des maladies aiguës bénignes ou graves (les deux premières médecines), doit passer à l’étape suivante. « La troisième médecine, écrivent-ils, est celle de la prévention individuelle et du traitement des maladies chroniques où, pour se soigner, le patient doit devenir actif et adopter de nouveaux comportements. »
Incontournable travail en équipe
Les patients sont concernés, mais aussi les professionnels de santé. Ces derniers doivent entrer dans une authentique coordination qui, d’après les auteurs, « ne consiste pas seulement à un partage d’information par un compte rendu ou une lettre ». En résumé, ils doivent apprendre à véritablement travailler en équipe. « On est obligés d'exercer en pluriprofessionnel, de construire des collaborations non hiérarchiques », a témoigné mi-mars, lors de la présentation du livre, le Dr Didier Ménard. Généraliste en Seine-Saint-Denis et ancien président du Syndicat de la médecine générale (SMG), celui-ci a contribué à l’ouvrage et n’a pas peur des propos dérangeants. « Il faut coordonner tout cela, et le médecin n’est pas forcément le mieux placé », ajoute-t-il. « Évidemment, ça bouscule ».
Nouveaux modes de rémunération
Non contente de chambouler les hiérarchies, la troisième médecine nécessite d’après les auteurs un changement net des modes de rémunération. « L'intervention d’une aide-soignante peut avoir autant de valeur que celle du grand docteur qui a fait le diagnostic », résume Didier Ménard.
Face à ce bouleversement, un peu d’imagination sera nécessaire. « Le paiement à l’acte et la T2A, c'est à l'opposé de ce qu’il faut faire » face à la maladie chronique, souligne André Grimaldi. Et le diabétologue de donner l’exemple de professionnels qui, travaillant de manière collaborative de longue date, avaient trouvé une solution : « mettre dans un pot commun leur paiement à l'acte », une forme de partage des honoraires.
Pour s’éloigner des bricolages, il faudra aller plus loin. « Heureusement qu’actuellement, dans les pôles de santé pluriprofessionnels, nous avons les nouveaux modes de rémunération », se félicite le Dr Didier Ménard. Reste qu’à 51 800 euros maximum par structure, ces nouveaux modes de rémunération apportent un ballon d’oxygène, sans changer fondamentalement les choses. Pour l’instant.
*Odile Jacob, 784 pages, 24,90 euros
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