Les médecins toujours non-vaccinés, et qui font fi de l'obligation en vigueur, donnent du fil à retordre aux communes, surtout lorsque celles-ci sont touchées par la désertification médicale. Depuis le 15 octobre, les praticiens libéraux, comme tous les soignants, doivent présenter un schéma vaccinal complet s'ils veulent continuer à exercer, en vertu de la loi relative à la crise sanitaire adoptée cet été.
Mais certains d'entre eux ont fait le choix de refuser la vaccination, entraînant leur suspension par l'agence régionale de santé (ARS), comme le prévoit la loi. Dernier exemple en date dans la commune de Sourdeval, dans la Manche. L'un des médecins généralistes, le Dr Joël Guibet, a cessé son activité et vient d'afficher un courrier de l'ARS sur la porte de son cabinet, relate « La Manche Libre ».
Démographie affligeante
La lettre indique que le généraliste a été suspendu « après constat de non-respect de l'obligation vaccinale ». La cellule d'obligation vaccinale des professionnels de santé libéraux a « mis en demeure le médecin de communiquer les pièces justificatives permettant d'attester du respect de l'obligation vaccinale », ce qu'il n'a pas fait, d'où sa suspension. Selon ce courrier, si l'ARS constate une impossibilité d'exercer du médecin pendant plus de 30 jours, le conseil départemental de l'Ordre dont le médecin relève « en sera informé et se réservera des suites à donner à ce signalement ».
Sophie Laurent, la maire de Sourdeval, a adressé un courrier à l'ARS pour lui demander de revenir sur sa décision, en vain. Et pour cause : le bourg de 3 250 habitants n'a plus qu'une généraliste depuis la suspension du Dr Guibet, le 15 octobre. « Et cette médecin ne prend plus de nouveaux patients, souligne l'édile, contactée par « Le Quotidien ». Après 40 ans dans la commune, le Dr Guibet préparait sa cessation d'activité. Sa suspension a précipité les choses, c'est dommage, car nous sommes dans une zone où la démographie médicale est très préoccupante pour ne pas dire affligeante, il est de plus en plus difficile de se faire soigner. »
Manifs et pétition
À en croire les récits de la presse régionale, nombreux sont les territoires où la non-vaccination des médecins et leur suspension affolent les patients et les élus locaux.
À Vémars (Val-d'Oise), bourgade de 2 400 habitants, le seul médecin a cessé d'exercer mi-septembre après avoir décidé de ne pas se faire vacciner, indique Le Parisien. Le maire, qui avait bataillé pendant trois ans pour trouver un médecin, a écrit au ministre de la Santé pour alerter sur les conséquences de l'obligation vaccinale.
En Indre-et-Loire, département frappé par la désertification, pas moins de six médecins ont été suspendus pour cause de non-vaccination selon « La Nouvelle République ». Une manifestation de soutien a rassemblé 150 personnes, début novembre.
Hier applaudis…
En Bretagne cette fois, la possible suspension de l'une des trois médecins de Pleudihen-sur-Rance (Côtes-d'Armor), non vaccinée, a suscité l'émoi il y a quelques semaines. Craignant de se retrouver sans médecin, ses quelque 1 500 patients ont lancé une pétition pour que la généraliste continue d'exercer. Cette pétition déplore le « caractère excessif de l'obligation vaccinale envers des personnes que l'on a applaudies en 2020 et qui se retrouvent froidement rejetées aujourd'hui ». Une manifestation devant la sous-préfecture est prévue fin novembre.
Le ministère de la Santé et l'Assurance-maladie n'ont jusqu'à présent pas donné de chiffre précis sur le nombre exact de médecins libéraux non vaccinés et suspendus.
À la mi-octobre, Olivier Véran avait seulement indiqué que 15 000 professionnels de la santé et du médico-social (hospitaliers comme libéraux) étaient suspendus ou « suspendables » faute d'avoir rempli leur obligation vaccinale – un chiffre en constante évolution, certains retardataires finissant par régulariser leur situation.
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