Mon essai « Chirurgie, chronique d’une mort programmée », publié par les éditions L’Harmattan (1), développe ma vision de la chirurgie de demain. Celle-ci devra rester polyvalente tout en étant hyperspécialisée. La technologie devra être à son service, sans prendre le pas sur l’homme.
Les idéologies à l’emporte pièce sont dangereuses. Il en est ainsi du principe de précaution : aucun chercheur français ne serait allé au bout de ses rêves s’il avait été respecté. Ni les greffes d’organes, ni la cœlio-chirurgie n’auraient vu le jour. Il faut bien essayer une première fois, ce que les comités d’éthique peuvent interdire. Dans ma jeunesse je n’aurais pas pu inventer les prothèses biliaires ni mettre au point les prothèses herniaires, car il n’y avait aucune certitude que les résultats soient un succès.
Le principe de précaution comme la média-médecine déresponsabilisent nombre de médecins amenés à se surprotéger par des procédures de sécurité, parfois au détriment du diagnostic et de la qualité des soins. Ils aggraveront le phénomène de surconsommation des examens médicaux tout en isolant le malade de son médecin. (...)
Ne pas confondre modernité et but à atteindre
L’affirmation à l’emporte-pièce du Pr Vallancien sur la mort annoncée de la séméiologie et donc de l’examen clinique est à mon sens une provocation. Elle n’étonne pas de la part d’un chirurgien très estimable mais « accro de la robotique ». Il a eu à prendre en charge des patients en bout de la chaîne de soins alors qu’il était depuis longtemps éloigné de la consultation.
La panoplie des nouveaux moyens d’investigation et thérapeutiques bouleverseront de plus en plus la démarche médicale. Mais c’est tous les jours, en consultation ou au lit des patients – du cas anodin au plus sérieux –, que l’option finale de la décision doit se prendre, ce qu’aucun logiciel ne peut faire. Le robot ne remplacera jamais la synthèse entre le fait pathologique, l’état des connaissances et l’expérience du médecin qui sont la Doxa.
Je partage ainsi l’opinion de mon ami le Pr de La Caffinière sur « la place décisive de l’examen clinique conjugué aux examens complémentaires et in fine à l’évaluation du besoin réel du patient ». C’est ainsi que se pose un diagnostic et des indications thérapeutiques.
Le médecin (ou le chirurgien) du « 3ème type » devra justement être formé à consulter ou utiliser la machine avec discernement. Les actes chirurgicaux robotisés ne peuvent être utilisés que pour des cas standardisés et sûrement pas pour des situations complexes qui nécessitent un « vrai » chirurgien capable de flexibilité au cours d’une opération qui est souvent pleine de surprises.
Les conseillers santés sous l’égide de Brigitte Dormont en élaborant la loi Santé n’ont rien compris à cette médecine d’aujourd’hui et de demain. Nous allons au-devant de catastrophes avec retards de prise en charge, listes d’attentes et augmentation des dépenses de santé.
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