Contacté par le « Quotidien », le médecin relativise, même s’il se dit très affecté sur le plan personnel par cette affaire. « Ce que j’ai vécu, ce n’est rien par rapport à d’autres situations. Cette semaine, un centre de loisirs a été attaqué à Saint-Denis. Des gens se sont fait tabasser ! », s’indigne le généraliste.

Il avoue s’être senti pris au piège ce lundi matin. « Ça fait trois ans que j’éduque mes patients à la prise de rendez-vous. Et là, il a suffi que quelqu’un gueule un peu plus fort pour avoir gain de cause… ça remet en question tout ce que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui. »

Cette agression n’est que le point culminant d’une série d’incivilités en tout genre. Dégradations, toilettes bouchées, détritus dans la salle d’attente, agressions verbales… « Ce n’est pas grand-chose, mais cette accumulation rend l’exercice du métier extrêmement difficile », regrette le jeune homme. « Cela fait des années que les médecins de banlieue dénoncent ces conditions de travail, ce climat de peur dans lequel ils travaillent. Parfois, ils en viennent à l'intérioriser. Je crois qu’il faut en parler, qu’il ne faut pas banaliser la situation. »

Mais dans quelques semaines, ou quelques mois, le Dr Cartier baissera définitivement le rideau de son cabinet. « J’ai pris cette décision bien avant cette agression », confie le généraliste, qui envisage un exil en Nouvelle-Zélande. Pas question de laisser tomber la médecine. « J’aime toujours ce métier, je vais continuer à l’exercer. »