C’est un peu l’angle mort de notre politique de santé. Depuis 30 ans, la gestion de la démographie médicale paraît emblématique d’une débauche d’énergie aussi désordonnée que vaine. Que d’impéritie de la part des pouvoirs publics ! Après avoir laissé tomber le numerus clausus à 3 500 au début des années 90, on a instauré une prime à l’arrachage(le fameux MICA!) pour inciter les médecins à dévisser leur plaque au moment du plan Juppé, avant une prise de conscience brutale des dégâts au début du siècle… Depuis, les plans anti déserts médicaux se sont succédé, beaucoup d’argent a été dépensé, chaque ministre y allant de sa bonne idée. Sous Xavier Bertrand on a inventé le bonus d'honoraires de 20 % en zones sous denses. Roselyne Bachelot a mis en place le contrat d’engagement de service public (CESP), sorte de bourse pour les jeunes contre promesse d’installation en secteur ciblé. Marisol Touraine est à l'origine du statut de praticien territorial de médecine générale (PTMG), censé assurer à son titulaire le minimum syndical. Et Agnès Buzyn restera probablement comme l’inventeur du métier d'assistant médical.
Accordons à cette dernière le bénéfice de la nouveauté avant inventaire. Ses prédécesseurs ont bénéficié de moins de mansuétude, tancés par la Cour des comptes, non pour leur inaction, mais pour leur inefficacité. Tout ça pour ça ? Le plus étonnant, est que ces dispositifs « révolutionnaires » ont su souvent trouver leurs candidats. Las, les experts ont vite douché les enthousiasmes, qualifiant d’effets d’aubaine les premiers résultats constatés. Pendant ce temps, les déserts avancent. Et, sur le terrain, les élus s’impatientent…
Y aurait-il encore une solution miracle pour résoudre le problème ? A un mois des municipales, « Le Quotidien » a posé la question aux spécialistes. La réponse est, malheureusement, non. Mais ce n'est pas une raison pour baisser les bras. À condition de jouer sur les conditions d’exercice, des solutions existent.
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