Particulièrement dynamique dans sa croissance externe ces dernières années, MNH Group* (Mutuelle nationale des hospitaliers) devrait prendre un nouveau départ à la rentrée, à la faveur d'un deuxième plan stratégique attendu pour septembre. C'est ce qu'a annoncé ce jeudi son président. Selon Gérard Vuidepot, le groupe va ouvrir dès juillet « une réflexion stratégique » pour « faire le bilan du 1er plan et décider de la suite. »
Le président Vuidepot dresse un constat positif des acquisitions opérées par le groupe mutualiste ces dernières années dans le digital, la formation, la banque, les services aux acteurs de santé ou la presse. « Nous nous sommes diversifiés et ainsi on a aussi diversifié les risques », explique-t-il, y voyant des retombées positives pour son entité en termes de solvabilité.
En attendant la rentrée, le président de MNH Group (qui devrait changer de nom en septembre) évoque une stabilisation de son périmètre actuel, tout en réaffirmant l'intérêt du groupe pour investir dans le digital et la e-santé. Un partenariat le lie depuis peu avec la Société française de télémédecine et une Fondation MNH-Dominique Bénéteau vient d'être créée pour accompagner la prévention et l'innovation en santé.
Gérard Vuidepot confirme son intérêt pour les personnels médicaux et notamment la médecine libérale, suggérant des offres à leur intention en matière de prévoyance ou de financement de l'installation. « Nous allons prospecter et investir dans ce domaine, parce que nous sommes sollicités », explique-t-il.
Inquiétudes sur le reste à charge zéro, l'identité mutualiste et la crise hospitalière
Pour le groupe mutualiste, le défi porte aussi sur l'adaptation à la réforme Macron du « reste à charge zéro » en lunetterie, dentaire ou prothèses auditives. Le président de MNH Group s'inquiète du flou dans la répartition entre assureurs complémentaires et régime obligatoire d'un surcoût qu'il chiffre à 1,2 milliard d'euros – et sans doute à plus de 1 million pour la MNH. Un fardeau que le secteur des complémentaires se voit contraint de répercuter. « Nous allons devoir, les uns et les autres, augmenter les cotisations », prévient le président de MNH Group – dont la mutuelle avait décidé de baisser les cotisations de ses adhérents cette année.
Cet ancien directeur d'hôpital se montre également préoccupé par la situation hospitalière et s'affiche solidaire de ses anciens collègues « sous-pression ». La crise a d'ailleurs motivé cette prise de position de l'Assemblée générale de la MNH des 21 et 22 juin, dont les délégués se déclarent « très inquiets des conditions de fonctionnement des établissements de santé et des EHPAD. »
On sent en revanche leur président moins en phase avec l'évolution au sein de la Mutualité française. Fustigeant « l'emprise de plus en plus forte de grands groupes qui poursuivent une stratégie de croissance à tous crins, » Gérard Vuidepot juge menacée « l'identité mutualiste ». Un sujet qu'il compte aborder à l'automne, lors d'une assemblée générale au cours de laquelle la mutualité pourrait laver son linge sale en famille… Le président de la MNH regrette à cet égard la confusion des genres, le patron de la Mutualité Française, Thierry Beaudet, étant aussi celui du géant mutualiste VYV.
*Actionnaire principal du « Quotidien du Médecin »
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes