Ce mardi 20 novembre, les infirmières seront dans la rue pour crier leur mécontentement. À Paris, elles se rassembleront à 14 heures devant le ministère de la Santé. Des rassemblements ont lieu dans une vingtaine d'autres villes, dont la plupart des préfectures de région.
Preuve de la colère qui gronde au sein de la profession, en particulier en ville (120 000 libérales), un front uni de 16 organisations syndicales représentatives des 660 000 paramédicales est à l'origine de l'appel à la grève. Elles espèrent une mobilisation « massive ». Leur mot d'ordre sur les réseaux sociaux : #infirmièresoubliées.
Principale revendication : la vision jugée médico-centrée du plan « Ma santé 2022 » « qui ignore totalement les infirmières » et ne leur donne « aucun moyen pour relever les défis du vieillissement de la population et l'explosion des maladies chroniques ». « Ce plan est considéré par l'ensemble de la profession comme une incohérence », précisent les syndicats, qui dénoncent un « lobby médical ».
Secrétaires sanitarisée
La création d'assistants médicaux a déclenché la grogne des infirmiers libéraux. Le gouvernement table sur un déploiement de 4 000 assistants d'ici à quatre ans. Hors de question pour les infirmiers que ce rôle de « secrétaire sanitarisée » leur soit confié. « C'est un morcellement de plus de nos compétences, s'indigne Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI). Et tout d'un coup, l'assurance-maladie a les moyens de financer ces assistants, dont le coût est évalué à 200 millions d'euros, alors que notre enveloppe de revalorisations [dans le cadre de négociations conventionnelles, non abouties pour l'instant, N.D.L.R.] est bloquée à 193 millions d'euros ! »
Les infirmières en pratique avancée (IPA) ne sont pas plus acceptées. Le gouvernement entend en former 5 000 d'ici 2022. D'une part, les paramédicaux estiment que l'autonomie promise pour ce nouveau statut (à bac +5) a été « rogné [e] par le corps médical ». D'autre part, ils s'agacent de voir Ségur utiliser les IPA comme un totem pour débouter toutes leurs autres revendications.
Les paramédicales réclament une meilleure reconnaissance de leurs compétences, dont celles des infirmières de bloc opératoire (IBODE). Elles ont bien obtenu de nouveaux actes exclusifs mais le ministère a reporté à juillet 2019 l'entrée en vigueur du décret d'application de la réforme. Et la pénurie guette dans les blocs. « Le gouvernement a choisi ses priorités, nous avons le sentiment que nos dossiers traînent plus que d'autres », s'attriste Brigitte Ludwig, à la tête de l'Union nationale des associations d'IBODE (UNAIBODE).
Interrogés par « Le Quotidien », les médecins libéraux disent comprendre la mobilisation de la profession. « Ils font un énorme travail au quotidien sur le maintien à domicile et la coordination. Ils compensent même parfois une démographie médicale en berne », souligne le Dr Margot Bayart, secrétaire générale de MG France. Favorable aux assistants médicaux, la généraliste concède avoir « peut-être manqué d'explications » « L'objectif n'était pas de tirer les infirmiers vers le bas », conclut-elle.
Mise à jour 19/11/2018
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