Le vaccin Bexsero contre les méningocoques B n'est pas recommandé en population générale. Population cible, zone à couvrir, comment se déroule sur le terrain la mise en pratique de l'algorithme ministériel, un brin complexe, pour prévenir les infections invasives à méningocoques (IIM) en cas de circonstances épidémiologiques (épidémies, grappes de cas, hyperendémies) ?
Le « Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire » (BEH) apporte des enseignements sur les freins et leviers à travers trois études lancées à l'initiative de l'agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes et de Santé publique France (SPF) lors d'une situation épidémique survenue début 2016 dans un territoire limité du Beaujolais.
Deux points clés au départ
« C'est la première campagne de vaccination organisée avec le Bexsero, explique pour « le Quotidien » le Pr Daniel Floret, vice-président du comité technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé (HAS), pédiatre et l'un des auteurs de l'éditorial. L'un des constats les plus intéressants, c'est que la vaccination en milieu scolaire fonctionne. La couverture vaccinale (CV) chez les enfants de 3-11 ans était de 63 %. En miroir, les résultats sont beaucoup moins bons chez les moins de 3 ans, avec une CV de 30 %, et les 16-24 ans, avec une CV de 8 %. »
Dès le départ, deux points clés demandent des prises de position difficiles : définition du territoire et de la population. « La campagne s'inscrit dans une stratégie de protection individuelle stricte, poursuit ce spécialiste du méningocoque. Il n'y a pas en effet de preuve d'efficacité sur le seul portage. Ce qui explique que la population choisie a tenu compte à la fois de l'âge des cas observés et de l'âge habituel de survenue de la maladie. Ici étaient concernées les personnes âgées de 2 mois à 24 ans révolus. Pour le sérogroupe B, les adultes sont porteurs plutôt que malades. »
Un exemple d'organisation mais...
L'expérience du Beaujolais met en lumière « un beau travail d'organisation de l'ARS, souligne Daniel Floret. L'agence a réuni les gens autour de la table pour arriver à un système permettant de vacciner dans plusieurs endroits, centres de vaccination, écoles, salles municipales, PMI, et sur des plages élargies ».
Il reste que, malgré ces efforts, la CV globale n'a pas été optimale, entre 41 % (2 doses) et 47 % (1 dose). « C'est assez décevant, regrette le spécialiste qui a travaillé en tant que réanimateur pédiatrique. Ceci est malheureusement habituel lors des campagnes à méningocoques en France. Le méningocoque fait peur mais le public n'analyse pas de la même façon que les médecins les risques de la maladie et l'intérêt de la vaccination. »
Médecins traitants et élus à intégrer très tôt
Comment faire mieux ? Au début de la campagne, le vaccin n'était pas disponible en officine, empêchant la participation des médecins libéraux. « Il faut que les médecins traitants soient mis dans le coup, souligne Daniel Floret. C'est d'autant plus important pour les tranches d'âge non scolaire. Malgré les difficultés initiales, les médecins libéraux ont quand même effectué 15 % des vaccinations. »
Autre point, les acteurs de santé, en particulier les élus et les parents d'élèves, doivent très vite être informés « du pourquoi du choix de telle tranche d'âge, et du pourquoi de telle zone géographique », estime Daniel Floret. La forte implication des élus fait la différence, « il faut améliorer la concertation avec les maires des communes », appuie-t-il.
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