Inquiète de l’absence des questions de santé dans les débats pour l’élection présidentielle malgré deux ans de pandémie, l’ONG Médecins du Monde (MDM) part en campagne en lanceuse d’alerte sur « l’épuisement de notre système de santé ». MDM lance une campagne d’affichage sauvage, #LaSantéEnCampagne, prévue dans toute la France, avec une série d’affiches détournant les slogans des candidats par des « messages évocateurs des risques qui pèsent sur notre système de santé ».
La crise sanitaire, qui a rappelé « le poids des déterminants de santé », a suscité l’espoir que la santé soit au cœur de la campagne, mais « ce n’est pas le cas », a regretté Irène Aboudaram, responsable du plaidoyer France de MDM, lors d’une conférence de presse le 28 mars, déplorant une « occasion ratée » de « défendre un système de santé universel et solidaire ».
Des politiques qui « fragilisent la santé des populations »
Les signaux d’alerte sont pourtant nombreux avec « 9,5 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté », des hôpitaux publics « exsangues », des déserts médicaux « partout » et, depuis 2019, la multiplication des « entraves administratives » qui complexifient l’accès aux soins des migrants, énumère la Dr Carine Rolland, présidente de MDM. Les politiques menées « fragilisent la santé des populations » que rencontre MDM, ajoute Irène Aboudaram.
En 2020, la généralisation des délais de carence pour la prise en charge des frais de santé des demandeurs d'asile (trois mois après le dépôt de la demande d’asile) a pour effet de retarder la possibilité d’accès aux soins, alors que ce sont des populations qui « ont connu un parcours de migration éprouvant », donne en exemple Irène Aboudaram.
À Calais, les expulsions régulières de campements (toutes les 48 heures, voire tous les jours), avec confiscation des tentes et des effets personnels, mais aussi les arrêtés interdisant les distributions alimentaires (20 arrêtés depuis 2020), « complexifient le travail des ONG », témoigne la Dr Marie Florin, responsable de mission du programme Nord Littoral.
La crise ukrainienne et l’organisation de l’accueil des réfugiés démontrent pourtant que « quand on veut, on peut », martèle la Dr Rolland, jugeant qu’il s’agit d’une « question de volonté politique ». MDM réclame « des choix politiques forts et concrets », face aux « mesures répressives et discriminantes » et « aux inégalités qui s’accroissent ».
Un manifeste et 10 propositions
Dans un manifeste, « Santé : urgence absolue », l’ONG émet 10 propositions pour un « système de santé solidaire et inclusif ». Il s’agit notamment de garantir un accès effectif aux droits et aux soins, d’assurer un accueil inconditionnel et digne et d’intégrer les bénéficiaires de l’Aide médicale d’État (AME) dans la Sécurité sociale. L’enjeu est également d’inscrire le système de santé dans une logique non marchande, notamment par le recours aux licences d’office « quand les conditions de santé publique l’exigent ».
L’urgence est aussi d’améliorer la prise en charge de la souffrance psychique des exilés, d’assurer la protection des mineurs non accompagnés, mais aussi d’interdire les expulsions de logements sans solution pérenne, de déstigmatiser les usagers de drogues et les travailleurs du sexe ou encore de prendre en compte les inégalités de genre en santé.
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