Les professionnels de santé bergeracois sont sur le pont. Depuis la semaine dernière, une mobilisation générale se met en place pour sauver l'IRM de la clinique locale, dont le renouvellement, obligatoire tous les cinq ans, n'a pas été autorisé par l'Agence régionale de santé de Nouvelle Aquitaine. Le 11 octobre, elle devra donc s'arrêter et sera transférée à l'hôpital qui, dans le même temps, s'est vue accordée une autre IRM.
« La situation est absurde, ce n'est pas une création, mais un transfert ! La logique voudrait que l'on garde notre IRM et que l'hôpital ait la sienne, réagit le Dr Roger Tran, radiologue et président du Groupement d'intérêt économique (GIE) d'imagerie médicale du Bergeracois. Nous étions dans un partenariat avec l'hôpital sur cette IRM, avec un partage à 50/50 %. Or, désormais, l'IRM serait 100 % public et les radiologues libéraux ne seraient plus intégrés dans le projet… »
Une décision d'autant plus incompréhensible pour les radiologues et les salariés du cabinet que le département est en fort déficit médical. « Le délai moyen d'attente pour un rendez-vous d'IRM est de 53 jours, cela veut dire qu'on peut aller jusqu'à trois ou quatre mois pour les cas non-urgents », rappelle le Dr Tran.
Scandaleux, les délais d'attente de rdv d'irm sont long mais l'ARS de Nouvelle Aquitaine est prête à détruire une structure #IRM #Bergerac https://t.co/BqvjmkF1KY
— Fnmr (@Fnmr_radiologue) 3 juillet 2017
Le cabinet draine le sud de la Dordogne, le nord du Lot-et-Garonne et l'est de la Gironde, soit un bassin de population de 175 000 personnes. « Nous sommes la seule structure à assurer le dépistage et le suivi du cancer du sein sur ce territoire, soit 10 000 mammographies par an, qui ne pourront jamais être absorbées par l'hôpital si nous fermons », rajoute le radiologue. Selon lui, le centre hospitalier n'a pas non plus les moyens de respecter les règles d'intimité et de confidentialité nécessaires à certains examens de radiologie.
Deux pétitions et des affiches
Ce transfert de l'IRM, grâce auquel sont réalisés 6 500 radios par an, mettrait dans la difficulté le cabinet. Quatre salariés qui travaillent sur l'appareil pourraient perdre leur emploi, et les autres professionnels de santé libéraux, notamment les médecins de la clinique Pasteur, perdraient leur accès facilité à l'appareil.
« C'est de la création de désert médical, si l'IRM de la clinique n'est plus là, on nous prive d'oxygène, s'alarme le Dr Xavier Gouyou-Beauchamps, chirurgien orthopédique à la clinique Pasteur (Le BLOC) et président du pôle de santé local. Nous perdrions aussi une proximité avec les équipes, car l'hôpital de Bergerac fonctionne avec des intérimaires toute l'année, dus aux nombreux postes vacants. »
Une pétition et des affiches ont donc été remises à tous les professionnels de santé du pôle, qui regroupe infirmiers, dentistes, masseurs-kinésithérapeutes, pharmaciens, médecins spécialistes et une quinzaine de généralistes. À ce jour, elle compte près de 2 500 signatures, auxquelles s'ajoutent les 1 300 de la pétition en ligne, commentée par de nombreux patients qui craignent pour leurs futurs examens. « Si l'IRM va à l'hôpital de Bergerac, je ne prendrai plus rendez-vous sur place, je monterai à Bordeaux », commente une patiente. « Utile à la population », « Pour avoir le choix entre privé et public », « Pour préserver des soins de dépistage de proximité », rajoutent d'autres en commentaire.
« Pas de mise en difficulté »
Contactée par le « Quotidien », l'ARS Nouvelle Aquitaine donne un autre son de cloche. « Si nous n'avons pas renouvelé l'IRM et décidé de son transfert de la clinique à l'hôpital, c'est parce qu'il n'y a pas de permanence des soins organisée à la clinique, les radiologues hospitaliers n'ont pas d'accès au site la nuit et cela pose problème dans le cas des urgences AVC », tempère France Béréterbide, directrice déléguée chargée de l'offre de soins.
Selon elle, tout a été construit « pour qu'il n'y ait pas de mise en difficulté de l'activité des radiologues libéraux ». « Les médecins libéraux peuvent tout à fait constituer un dossier d'ici le mois d'août pour continuer à travailler sur leur IRM, qui de toute façon restera au sein de la clinique jusqu'à la fin de sa durée de vie, avant d'être renouvelée, mais à l'hôpital », indique France Béréterbide.
Les médecins espèrent malgré tout un revirement de situation. « Les patients sont mobilisés, et nous comptons sur les élus locaux, notamment notre député Michel Delpon (La République en marche), issu de la société civile, pour qu'ils réagissent comme des Bergeracois et des patients normaux », espère le Dr Gouyou-Beauchamps.
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