11h08. Entre deux ruminations, elle lève la tête. Le TGV passe. Elle ressent le vent lié à l’air déplacé. Elle aurait pu s’en douter. Des signes avant-coureurs. Toujours les mêmes. Elle aurait pu s’éloigner un peu, pour éviter le bruit fort et le vent désagréable.
Deuxième quinzaine de juillet. Le variant Delta est devenu majoritaire depuis près d’une semaine désormais. Plus virulent. Plus contagieux. Par chance, les vaccins actuels sont efficaces sur ce variant. Efficaces pour éviter les hospitalisations. Efficaces pour éviter les hospitalisations en service de réanimation. Certes, peut-être pas efficaces dans certains cas pour éviter des symptômes équivalents à un rhume banal, mais efficaces contre toutes les formes graves. Mais efficaces à condition d’avoir reçu les deux doses préconisées.
La vaccination est donc efficace. Mais elle a trainé. Entre atermoiements de certains et farouche opposition d’autres, saupoudrée de messages contradictoires des autorités annonçant un jour que la deuxième dose pouvait attendre au-delà des délais normalement prévus, puis en annonçant que, finalement, le délai pouvait être ramené à 3 voire 4 semaines selon le vaccin utilisé. Ceci n’étant pas une fleur accordée aux volontaires pour ces vaccins, mais le strict respect des études menées pour la commercialisation de ceux-ci.
De leur côté, des scientifiques, médecins ou non, ont alerté dès le mois de juin sur le risque d’un été plus difficile que l’été 2020. Beaucoup n’ont pas mis la même énergie que lors des vagues précédentes à alerter les autorités. Par peur d’être, de nouveau, traités de Cassandre. Par lassitude aussi. Celle d’avoir à reconnaître, par dépit, qu’ils allaient sans doute encore avoir raison après coup. Et ils auraient aimé avoir tort en prévoyant une possible 4ème vague à la fin de l’été.
Force est de constater qu’ils avaient tort. Cette 4ème vague devrait arriver plus précocement que prévue. Elle devrait gâcher une partie des vacances des non-vaccinés. Il est encore temps de jouer la course contre la montre et de réussir à obtenir cette immunisation afin d’atténuer tant que possible cette 4ème vague dont nous voyons arriver au loin l’écume. En se faisant vacciner dès que possible. Où que possible.
Car cette nouvelle vague va toucher une population plus jeune, les plus âgés et les plus fragiles étant plus majoritairement protégés par la vaccination. Il y aura des hospitalisations, mais on peut sans doute espérer qu’elles seront un peu moins nombreuses, même si rien ne nous permet d’être totalement optimistes à ce sujet. Ceux qui auront les yeux rivés sur le taux d’occupation des services hospitaliers ou des services de réanimation tenteront peut-être de nier cette vague en affirmant sur les plateaux de télévision « circulez, il n’y a rien à voir, les hôpitaux ne sont pas saturés », oubliant que les soignants sont à bout de souffle et las.
Prévoir et anticiper pour amortir...
Nous aurions pu profiter de cette année et demi écoulée pour tenter de sécuriser les lieux clos. Le risque zéro n’existe pas, mais nous devons viser une réduction maximale du risque. En cessant de se focaliser sur le lavage des mains, certes important, mais qui ne tient pas compte une seule seconde du fait que le virus est transporté dans l’air à la façon d’un aérosol invisible. Nous aurions pu financer les restaurants, les salles de cinéma et de spectacles, pour qu’ils puissent investir dans des systèmes de recyclage de l’air, de purification de celui-ci. Nous aurions pu repenser l’école dans cette optique, pour apprendre aux enfants les réflexes liés à cette aération et les rendre acteurs de cette lutte contre le coronavirus.
Nous aurions pu faire preuve de pédagogie, y compris dans les médias, pour expliquer pourquoi le vaccin est important et tordre le cou aux idées reçues laissant croire que la technique vaccinale aurait été mise au point dans la précipitation, alors qu’elle existe depuis plusieurs années. Nous aurions pu insister sur le fait que retrouver une bonne partie de notre liberté ne signifiait pas que l’épidémie était finie, même si beaucoup en avaient décidé ainsi, contre l’avis des scientifiques.
Nous aurions pu prévoir. Anticiper. Amortir cette vague à venir. Mais nous avons attendu. Patienté. Et certains feront sans doute mine d’être surpris, ou de défendre les décideurs ou politiciens de tous bords en prétendant que rien ne laissait présager une telle évolution.
11h08. Le TGV passe. Elle le regarde. Un morceau de ballast est projeté sur sa tête et l’assomme. Elle aurait pu s’éloigner un peu. Si seulement elle avait pu prévoir que le train allait passer…
Exergue : Le risque zéro n’existe pas, mais nous devons viser une réduction maximale du risque
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