À l'approche de la présidentielle, l'Union française pour une médecine libre (UFML) présidée par le Dr Jérôme Marty intensifie son travail d'opposition frontale à la loi de santé de Marisol Touraine et à l'ensemble de sa politique. Sur plusieurs sujets sensibles, l'association a ainsi confronté l'argumentaire de la ministre à la « réalité » du terrain, pour en tirer une analyse très différente de celle de Marisol Touraine.
« La prise en charge par la Sécurité sociale a augmenté continûment depuis 2012 », pour atteindre 78 % en 2014, se félicite par exemple la ministre dans un communiqué du 16 août. Dont acte, répond l'UFML, qui précise que cette intervention accrue du régime obligatoire résulte mécaniquement de l'augmentation du nombre de patients en ALD à 100 %. Leur nombre a atteint 9,9 millions en 2014.
Autre affirmation de Marisol Touraine dénoncée par l'UFML : celle selon laquelle « un tiers des médecins de secteur II » se seraient engagés dans une démarche de modération tarifaire via le contrat d'accès aux soins (CAS qui sera remplacé dans la convention 2016 par une nouvelle option tarifaire). L'association juge ce chiffre d'un tiers surévalué : selon un audit du cabinet Mercer (juin 2016), seuls 23 % des spécialistes exerçant en secteur II sont signataires mais seulement 15 % des chirurgiens éligibles, 10 % des ophtalmos, 21 % des obstétriciens... L'UFML assure au passage que 23 % des signataires ayant respecté les obligations du contrat attendent encore les allégements de cotisations promis.
Les contrats complémentaires santé responsables (qui bénéficient d'aides fiscales) sont également visés. Objets de grande satisfaction ministérielle, l'UFML fait valoir au contraire que « leur coût a augmenté pour les adhérents et les employeurs puisqu’à cotisation égale, le panier de soin remboursé est réduit au minimum ».
Quant aux compléments d'honoraires, que Marisol Touraine veut à tout prix réguler, l'UFML souligne qu'ils sont « justifiés et inévitables dans la pratique libérale », au regard de la faiblesse des tarifs Sécu actuels. L'association observe ainsi que les centres de santé, assujettis aux tarifs opposables, doivent être subventionnés par l'État à hauteur de 36 % pour ne pas être déficitaires, « preuve que les soins ne peuvent pas s'organiser à ces tarifs ».
Défiance
Dans une tribune publiée le 24 août par « le Monde », le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML), précise sa charge contre le bilan Touraine : aggravation des déserts médicaux, contrats d'assurance low-cost, augmentation des cotisations des assurés sociaux, réseaux de soins, mise en place d'un système de santé hyperadministré, rien ne trouve grâce à ses yeux. « C'est la défiance qui prévaut désormais, conclut-il. Jamais ministre ne se sera à ce point éloigné des professions dont il a la charge. Cette défiance est le symbole du gouvernement Hollande qui, à force d'erreur, de centralisation et de scandales, s'est coupé des Français. »
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