Dans la présentation que fait le Quotidien du « Point de vue » du Dr Marie Msika Razon sur la clause de conscience concernant l’IVG (« Le Quotidien » du jeudi 18 octobre 2018), il est écrit que la clause de conscience est « l’un des derniers compromis acté par la loi Veil pour éviter à l’époque l’opposition du corps médical » Or Simone Veil était elle-même très engagée dans le respect de cette clause de conscience, et cet engagement n’avait pas comme origine un compromis à l’intention du corps médical.
Il existe en effet des propos retrouvés de Madame Veil qui permettent de le penser. En voici deux d’entre eux. Lors d’une émission de TV de Michel Fields consacrée début 2001, à la proposition de loi qui sera votée le 4 juillet suivant et en particulier à l’extension dans cette loi du délai légal d’IVG de 10 à 12 semaines de grossesse, Michel Fields demandait l’avis de ses invitées à ce sujet. Il avait réuni Madame Bachelot, Elisabeth Badinter, une médecin anesthésiste membre du parti socialiste, et Madame Veil.
Les deux premières étaient l’une et l’autre tout à fait favorables à cette extension. Par contre, la médecin anesthésiste déclarait que si une telle extension était votée, elle cesserait sa participation aux IVG dans l’hôpital où elle travaillait. (...) Michel Fields s’étonna sur un ton de réprobation et répondit à cette femme médecin qu’elle se mettrait alors en contradiction avec la loi ? C’est alors que Madame Veil assise à l’arrière, et qui n’avait pas encore dit un mot intervint d’une voix ferme : « Ignorez-vous, M. Fields, qu’un médecin ne fait pas d’actes qui s’opposent à sa conscience. ? »
Il est intéressant de constater que madame Veil a été la seule à défendre la médecin anesthésiste, avec la même opinion qu’elle exprimera en 2007 lors d’un reportage sur l’avortement à haut risque en Espagne. « L’avortement est une question éthique et pas seulement un geste médical. La seule chose que j’avais négociée avec l’Église était de ne pas contraindre les médecins. C’est un point à maintenir, car on ne peut obliger personne à aller contre ses convictions. »
Ces quelques lignes sur le ferme attachement de Simone Veil à la clause de conscience et à son maintien ont toute leur importance, à l’heure actuelle, quand on sait que l’intention de certains de nos législateurs est de supprimer la clause de conscience.
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