À la demande de la commission des Affaires sociales du Sénat, la Cour des comptes s’est penchée sur les difficultés structurelles que rencontrent les services de « soins critiques », révélés par la pandémie. Ce terme recouvre un ensemble d'activités : la réanimation, les unités de soins intensifs et les unités de soins continus.
Selon les magistrats, durant l'épidémie, la mobilisation « sans précédent » du secteur a certes permis de faire face, y compris en tirant des leçons au fur et à mesure : forte adaptation des capacités d'hospitalisation en réanimation avec une évolution du nombre de lits au cours de la première vague, déprogrammation généralisée (puis régionalisée) des activités de soins non urgents, évacuation des patients des régions les plus impactées. Mais malgré ces efforts, ces services étaient très mal préparés à affronter un tel choc, écrit la Cour des comptes. Or, faire face à une telle pandémie ne devrait pas s'improviser.
Dégradation du taux d'équipements
Cette dernière pointe d'abord « une dégradation lente mais constante du taux d’équipement au regard des évolutions démographiques ». En effet, le nombre de lits de réanimation s’est stabilisé autour de 5 000 depuis 2013 alors même que l’activité n’a cessé de progresser, sous l'effet du vieillissement de la population et de l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques. « Cette dégradation du taux d’équipement au regard des évolutions démographiques s’est faite à bas bruit, avec une diminution marquée de la durée de séjour en réanimation entraînant mécaniquement une hausse de la durée de séjour dans les principales unités d’aval de la réanimation : les unités de surveillance continue (USC) », notent les magistrats de la rue Cambon. Face à cette inadéquation progressive de l’offre de soins, les professionnels se sont adaptés en agissant sur le taux de recours aux soins critiques et sur la durée moyenne de séjour.
Les magistrats critiquent également le mode actuel de financement inadapté à la réanimation (la T2A) qui, avec des tarifs trop faibles, n'incite pas les gestionnaires hospitaliers à ouvrir de nouveaux lits, même en cas de besoins.
Augmenter le nombre d'internes MIR
La Cour formule une douzaine de recommandations parmi lesquelles une meilleure prise en considération des besoins lors de la planification sanitaire et une anticipation des recours en matière de soins critiques, notamment en amplifiant le nombre de postes ouverts aux épreuves classantes nationales (ECN) en médecine intensive et de réanimation.
Elle propose aussi de réviser le plan de formation initiale des infirmiers de soins généraux en intégrant des modules spécifiques de formation théorique et pratique aux soins critiques.
La Cour suggère enfin un nouveau modèle de financement de ces activités afin de mieux prendre en compte les spécificités de la filière et de garantir la neutralité tarifaire de ces actes (pas de déficit par lit de réa ouvert). Ce modèle pourrait être mixte combinant une partie à l'activité et une partie forfaitaire.
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