Le constat devenait alarmant. Enregistrant 9 décès sur 17 transplantations cardiaques depuis janvier 2015, le CHU de Limoges a annoncé conjointement avec l'ARS, le 17 mars, la suspension « à titre transitoire et conservatoire » de ces opérations.
Le taux de décès dépassait 50 % alors que, selon l'Agence de la biomédecine, le taux de survie à un an des malades greffés du cœur entre 1993 et 2012 sur l'ensemble de la France est de 74 %, soit un taux de décès de 26 % en moyenne.
Un audit interne et une enquête de l'ARS
Un audit interne mené avec les équipes hospitalières en charge des greffes cardiaques au CHU et une inspection de l'Agence régionale de santé Aquitaine Limousin Poitou-Charentes (ARS ALPC) ont été diligentés pour déterminer les causes de ces décès. La Société française de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire a également été saisie. « Ces enquêtes vont prendre en compte précisément les données relatives à tous ces cas de décès et analyser notre protocole de transplantation cardiaque », explique-t-on à l'hôpital de Limoges.
L'ARS APLC a indiqué, de son côté, au « Quotidien » que le CHU de Limoges « n'a pas fait l’objet d’une sélection particulière des patients pouvant expliquer ce nombre important de décès ». Elle rapporte également que le protocole de prise en charge de l'hôpital a évolué fin 2015, mais sans plus de précision à cette heure. Les premiers résultats de ces investigations sont attendus dans les semaines à venir.
Transfert des patients éligibles vers le CHU de Bordeaux et la Salpêtrière
Durant cette période de suspension, le CHU a organisé les modalités d’accueil, de prise en charge et de transport des patients éligibles à une greffe cardiaque, et, susceptibles d’être accueillis en situation d‘urgence, pour un transfert vers le CHU de Bordeaux et l’hôpital de la Pitié Salpêtrière.
Toutefois, « aucun nouveau patient n'est actuellement inscrit sur la liste nationale des transplantations au CHU de Limoges », indique l'ARS ALPC. Par ailleurs, le CHU de Limoges prend actuellement contact avec l’ensemble des familles des patients transplantés, s'engageant à communiquer régulièrement sur les avancées du travail d’analyse en cours et les mesures prises en lien.
Une suspension en 2011 des greffes rénales
La 1re greffe de cœur au CHU de Limoges a eu lieu en 1988. En presque 30 ans d'activité, l'établissement n'a pas fait l'objet de signalement particulier dans ce domaine. En mars 2011, un problème s'était posé mais concernant les greffes rénales.
« La survenue inhabituelle de complications notamment infectieuses à l’origine probable d’une surmortalité » avait amené la direction générale du CHU à suspendre cette activité, est-il mentionné sur le site de l'hôpital. Une suspension levée deux mois et demi plus tard par le directeur général de l’ARS du Limousin. L'activité ayant alors repris « dans des structures et des organisations optimisées de nature à renforcer la qualité et la sécurité des patients pris en charge » annonçait l'hôpital.
L'établissement prend en charge habituellement une centaine de greffes par an. En 2014, 101 y ont été réalisées : 51 greffes rénales, 7 transplantations cardiaques et 43 greffes de cornée. Sa dernière notation (en 2014) lui attribuait un A pour les indicateurs de lutte contre les infections nosocomiales. Le CHU de Limoges a reçu, du reste, l'autorisation de l'Agence du médicament et des produits de santé (ANSM) pour le premier essai clinique en France d'implantation d'utérus artificielle.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes